COMMISSION STAFF WORKING DOCUMENT 2022 Rule of Law Report Country Chapter on the rule of law situation in France Accompanying the document Communication from the Commission to the European Parliament, the Council, the European Economic and Social Committee and the Committee of the Regions 2022 Rule of Law Report The rule of law situation in the European Union
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FR FR COMMISSION EUROPÉENNE Luxembourg, le 13.7.2022 SWD(2022) 510 final DOCUMENT DE TRAVAIL DES SERVICES DE LA COMMISSION Rapport 2022 sur l’état de droit Chapitre consacré à la situation de l’état de droit en France accompagnant le document: Communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions Rapport 2022 sur l’état de droit La situation de l’état de droit dans l’Union européenne {COM(2022) 500 final} - {SWD(2022) 501 final} - {SWD(2022) 502 final} - {SWD(2022) 503 final} - {SWD(2022) 504 final} - {SWD(2022) 505 final} - {SWD(2022) 506 final} - {SWD(2022) 507 final} - {SWD(2022) 508 final} - {SWD(2022) 509 final} - {SWD(2022) 511 final} - {SWD(2022) 512 final} - {SWD(2022) 513 final} - {SWD(2022) 514 final} - {SWD(2022) 515 final} - {SWD(2022) 516 final} - {SWD(2022) 517 final} - {SWD(2022) 518 final} - {SWD(2022) 519 final} - {SWD(2022) 520 final} - {SWD(2022) 521 final} - {SWD(2022) 522 final} - {SWD(2022) 523 final} - {SWD(2022) 524 final} - {SWD(2022) 525 final} - {SWD(2022) 526 final} - {SWD(2022) 527 final} Offentligt KOM (2022) 0500 - SWD-dokument Europaudvalget 2022 1 RESUME Un vaste processus de consultation a été mené afin de répertorier les nouvelles réformes nécessaires pour résoudre les problèmes potentiels touchant au système de justice français. Dans ce contexte, l’appareil judiciaire, en particulier le Conseil supérieur de la magistrature, a lancé plusieurs appels en faveur de réformes, notamment en ce qui concerne la responsabilité et la protection des magistrats, ainsi qu’en faveur d’un renforcement des ressources humaines en sus des ressources supplémentaires déjà allouées. La durée des procédures judiciaires s’est allongée, et le ministère de la justice évalue actuellement les besoins supplémentaires. La décision du ministre de la justice d’ouvrir des enquêtes administratives sur plusieurs magistrats pour violation présumée de leurs obligations déontologiques est actuellement examinée par la justice. Si certains outils numériques à l’intention des justiciables et des professionnels de la justice continuent d’être déployés avec succès, la mise en œuvre des principaux projets en cours destinés à accroître la numérisation de la justice civile et pénale s’est heurtée à des difficultés. S'agissant des avocats, la loi pour la confiance dans l’institution judiciaire a posé de nouvelles garanties en matière de secret professionnel, de déontologie et de procédures disciplinaires. Des résultats tangibles continuent d’être enregistrés en ce qui concerne les condamnations dans les affaires de grande corruption en dépit des difficultés liées aux ressources limitées et aux faiblesses structurelles. La mise en œuvre du plan national de lutte contre la corruption pour la période 2020-2022 se poursuit. Des règles relatives aux conflits d’intérêts sont en place et une nouvelle loi a été adoptée pour protéger les lanceurs d’alerte. La défense d’intérêts (lobbying) est réglementée, mais l’application des règles en vigueur à tous les types d’acteurs du secteur suscite toujours d’importantes préoccupations. Les déclarations de patrimoine sont rendues publiques et sont vérifiées régulièrement. Les ressources humaines de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques restent insuffisantes au regard de sa charge de travail. Les mesures prises dans le domaine des marchés publics pendant la pandémie de COVID-19 restent en place. La France dispose d’un cadre juridique solide garantissant la liberté et le pluralisme des médias, fondé principalement sur des garde-fous tant constitutionnels que législatifs. Une nouvelle autorité indépendante, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM) a été créée à partir de la fusion du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et de la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet (HADOPI), l’autorité compétente en matière de droits d'auteur en ligne, et est dotée de compétences accrues dans l’ensemble du domaine du contenu audiovisuel et numérique. Des garde-fous juridiques et structurels garantissent l’indépendance des médias français de service public. Le gouvernement a pris des mesures pour faire face à l’augmentation des attaques et des menaces contre des journalistes lors de protestations ou de manifestations. Le problème persistant que constitue la concentration horizontale et croisée de la propriété des médias a été examiné par une commission d’enquête du Sénat, qui a suggéré une révision substantielle de la législation existante afin de préserver la liberté d’information. Des difficultés subsistent en ce qui concerne la transparence des structures complexes de propriété des médias. La pratique des consultations publiques nationales a encore été renforcée et étendue à de nouveaux domaines, dont le système de justice. Les procédures accélérées pour l'adoption des textes de loi continuent d’être utilisées régulièrement, y compris pour des lois qui ont une 2 incidence significative sur les libertés individuelles. Le régime d’urgence lié à la pandémie de COVID-19 a été prolongé jusqu’en juillet 2022, tandis que le Conseil constitutionnel a défini les limites des pouvoirs exécutif et législatif dans ce contexte. Des autorités indépendantes ont émis des avis sur l’incidence des lois adoptées pour gérer les situations de crise sur les libertés individuelles. De nouvelles lois ont été adoptées pour améliorer l’environnement financier dans lequel évoluent les organisations de la société civile. La loi sur les principes de la République est entrée en vigueur et un certain nombre de parties prenantes ont exprimé des craintes quant à son incidence potentielle sur l’espace dévolu à la société civile. 3 RECOMMANDATIONS Il est recommandé à la France de prendre les mesures suivantes: poursuivre ses efforts afin d’achever les projets en cours visant la numérisation complète des procédures civiles et pénales; poursuivre les efforts déployés pour garantir au système de justice des ressources humaines suffisantes, notamment pour améliorer son efficience, en tenant compte des normes européennes sur les ressources du système de justice; continuer d’enquêter sur les infractions relevant de la corruption à haut niveau, de les poursuivre et de les sanctionner de manière effective; veiller à ce que les règles relatives aux activités de lobbying soient appliquées de manière cohérente à tous les acteurs concernés, y compris au plus haut niveau de l’exécutif; renforcer la transparence en matière de propriété des médias, en particulier en ce qui concerne les structures d’actionnariat complexes, en s’appuyant sur les garanties juridiques existantes. 4 I. SYSTEME DE JUSTICE Le système de justice est composé de deux branches autonomes de juridictions: les juridictions de droit commun compétentes en matière civile et pénale, d’une part, et les juridictions administratives, d’autre part. Ces deux branches se composent de trois niveaux de juridictions, à savoir les tribunaux de première instance, les cours d’appel et une juridiction suprême (la Cour de cassation et le Conseil d’État, respectivement). Le Conseil d’État possède également une branche consultative chargée de rendre des avis sur les projets de loi et il est chargé de la gestion des tribunaux administratifs et des cours d’appel. Le Conseil supérieur de la magistrature, composé pour moitié de magistrats élus par leurs pairs1 , joue un rôle important dans la préservation de l’indépendance de la justice. Il désigne les candidats aux hautes fonctions juridictionnelles et, en ce qui concerne la nomination des juges par le ministre de la justice, émet des avis contraignants2 . Le parquet fait partie de l’appareil judiciaire et est placé sous l’autorité du ministre de la justice3 . Ce dernier peut adresser des instructions générales en matière de politique pénale, mais ne peut adresser aucune instruction dans des affaires individuelles4 . En outre, le Conseil constitutionnel est compétent pour contrôler la constitutionnalité des lois. La France participe au Parquet européen. Les avocats sont représentés par différents barreaux dans toute la France. Indépendance Le degré d’indépendance de la justice en France reste perçu comme moyen parmi le grand public et est désormais perçu comme élevé parmi les entreprises. Au total, 56 % du grand public et 61 % des entreprises avaient une perception «plutôt satisfaisante» ou «très satisfaisante» du degré d’indépendance des juridictions et des juges en 20225 . Selon les données du tableau de bord 2022 de la justice dans l’UE, aucune tendance nette n’a pu être dégagée de l’évolution du niveau perçu d’indépendance depuis 2016. Le degré de perception de l’indépendance de la justice parmi le grand public est légèrement en baisse par rapport à 2021 (57 %), mais est plus élevé qu’en 2016 (54 %). Le degré de perception de l’indépendance de la justice parmi les entreprises s’est amélioré par rapport à 2021 (58 %) et à 2016 (59 %). 1 Le Conseil supérieur de la magistrature compte deux formations distinctes. Pour la formation compétente à l’égard des magistrats du siège, le Conseil supérieur de la magistrature est composé du président de la Cour de cassation, de cinq magistrats, d’un procureur de la République, d’un conseiller d’État, d’un avocat et de six autres membres qualifiés qui ne relèvent ni du Parlement, ni de l'ordre judiciaire ou de l’ordre administratif. Un magistrat du siège supplémentaire complète cette formation lorsqu’elle agit en tant que conseil de discipline. Pour la formation compétente à l’égard des magistrats du parquet, le Conseil supérieur de la magistrature est composé du procureur général près la Cour de cassation, de cinq procureurs de la République, d’un magistrat, du même conseiller d’État susmentionné, du même avocat susmentionné et des six autres membres qualifiés susmentionnés. Un magistrat du parquet supplémentaire complète cette formation lorsqu’elle agit en tant que conseil de discipline. Voir également, à cet égard, le point 27 de la recommandation CM/Rec(2010)12 du Comité des Ministres du Conseil de l'Europe, selon lequel: «Au moins la moitié des membres [des conseils de la justice] devraient être des juges choisis par leurs pairs issus de tous les niveaux du pouvoir judiciaire et dans le plein respect du pluralisme au sein du système judiciaire». 2 Les magistrats du parquet sont actuellement nommés par le ministre de la justice, après avis consultatif du Conseil supérieur de la magistrature. 3 Article 5 de l’ordonnance n° 58-1270 du 22 décembre 1958. 4 Article 1er de la loi n° 2013-669 du 25 juillet 2013 et article 30 du code de procédure pénale. 5 Graphiques 50 et 52, tableau de bord 2022 de la justice dans l’UE. Le degré de perception de l’indépendance de la justice est classé comme suit: très mauvais (moins de 30 % des personnes interrogées perçoivent l’indépendance de la justice comme plutôt satisfaisante ou très satisfaisante), mauvais (entre 30 et 39 %), moyen (entre 40 et 59 %), satisfaisant (entre 60 et 75 %) et très satisfaisant (plus de 75 %). 5 Le Conseil supérieur de la magistrature a appelé à des réformes visant à renforcer la responsabilité et la protection des magistrats. Le 24 septembre 2021, le Conseil supérieur de la magistrature réuni en formation plénière a rendu l’avis sollicité par le président de la République6 sur la responsabilité et la protection des magistrats. Il a formulé 30 propositions7 articulées autour de quatre objectifs: placer la déontologie au cœur de la fonction de magistrat8 , favoriser la détection des manquements disciplinaires9 , améliorer le déroulement des poursuites disciplinaires et l’échelle des sanctions10 et renforcer la protection personnelle et fonctionnelle des magistrats11 . Certaines propositions rappellent la nécessité d’adopter les réformes constitutionnelles lancées à plusieurs reprises par le passé, mais sans jamais aboutir12 . Les modifications qu’il est proposé d'apporter à la Constitution transféreraient notamment du ministre de la justice au Conseil supérieur de la magistrature le pouvoir de 6 Le président de la République avait sollicité l’avis du Conseil supérieur de la magistrature le 17 février 2021 en sa qualité de garant de l’indépendance du pouvoir judiciaire, en vertu de l’article 65 de la Constitution. Voir le rapport 2021 sur l’état de droit, chapitre consacré à la situation de l’état de droit en France, p. 3 et 4. 7 Conseil supérieur de la magistrature, avis du 24 septembre 2021 sur la responsabilité et la protection des magistrats. Voir l’annexe I. 8 Pour renforcer la responsabilité des magistrats, le Conseil supérieur de la magistrature propose, dans son avis, de remédier à l’absence d’évaluation des hauts magistrats, de mettre en place un régime de prévention des risques de conflits d’intérêts et d’octroyer à la commission d’admission des requêtes disciplinaires individuelles le pouvoir de rappeler aux magistrats leurs obligations déontologiques en cas de comportements répréhensibles non susceptibles de revêtir une qualification disciplinaire. Le Conseil supérieur de la magistrature recommande également de prévoir une rubrique spécifique à la déontologie dans la grille d’évaluation des magistrats, qui donnerait lieu à un dialogue à ce sujet pendant l’entretien entre le magistrat et son chef de juridiction. 9 Le Conseil supérieur de la magistrature préconise d’instaurer un dialogue plus formalisé entre les chefs de cour et la direction des services judiciaires du ministère de la justice, afin d’empêcher que des procédures disciplinaires soient mises en échec par des décisions non concertées. Il recommande également de permettre aux chefs de cour de saisir directement l’inspection des services judiciaires aux fins d’engagement d’une enquête administrative, cette compétence étant actuellement du seul ressort du ministre de la justice. Afin de remédier aux inefficacités du mécanisme de traitement des plaintes individuelles, il est proposé permettre à la commission d'admission des requêtes de procéder à des investigations afin qu’elle puisse prendre les décisions les plus éclairées possibles. 10 À cette fin, il est suggéré de préciser la définition de la faute disciplinaire, laquelle est définie au sens large à l’article 43 de l’ordonnance no 58-1270 du 22 décembre 1958 portant loi organique relative au statut de la magistrature, afin de mentionner explicitement une liste de devoirs essentiels tels que l’indépendance, l’impartialité, l’intégrité, la probité et la loyauté. Le Conseil supérieur de la magistrature recommande également de rendre l’enquête administrative que le ministre de la justice peut faire diligenter en amont des poursuites disciplinaires plus transparente et de la limiter dans le temps, la durée des procédures disciplinaires créant une insécurité pour les magistrats concernés. Enfin, il est proposé de réformer et de compléter l’échelle des sanctions afin de mieux répondre aux différents manquements poursuivis, notamment en prévoyant des sanctions d’interdiction de nomination à certaines fonctions, d’exclusion temporaire d’exercice de toute fonction ou de retrait temporaire des fonctions juridictionnelles. 11 En priorité, le Conseil supérieur de la magistrature propose de permettre à tout magistrat de le saisir en cas d’atteinte à son indépendance, et de se voir confier la faculté de se saisir d’office en pareil cas, à l’effet d’émettre une recommandation pour faire cesser l’atteinte. Cette recommandation devrait être rendue publique et même, dans les cas les plus graves, publiée au Journal Officiel. Cette proposition fait écho à la recommandation CM/Rec(2010)12 du Comité des ministres du Conseil de l’Europe du 17 novembre 2010, selon laquelle: «Lorsque les juges estiment que leur indépendance est menacée, ils devraient pouvoir se tourner vers le conseil de la justice ou vers une autre autorité indépendante […]». Il est également proposé de fixer au ministre de la justice un délai de 15 jours pour prendre parti sur les demandes de protection fonctionnelle présentées par les magistrats. Un refus tacite pourrait être contesté devant une juridiction administrative, laquelle pourrait ordonner d'accorder la protection demandée. En outre, le ministère de la justice serait chargé d’accomplir toutes les démarches nécessaires en vue du retrait des publications injurieuses et/ou illicites sur les réseaux sociaux, y compris à la demande du magistrat concerné ou d’un chef de cour. 12 Rapport 2021 sur l’état de droit, chapitre consacré à la situation de l’état de droit en France, p. 3. 6 statuer sur les questions disciplinaires concernant les magistrats du parquet et aligneraient les conditions de nomination du parquet sur celle du siège, rendant ainsi l’avis du Conseil supérieur de la magistrature contraignant pour le ministre de la justice13 . Sur ce point, l’avis du Conseil supérieur de la magistrature converge avec les recommandations du Groupe d’États contre la corruption (GRECO)14 et les récentes propositions de la Conférence nationale des procureurs de la République, qui a appelé à une réforme du statut des magistrats du parquet afin d’accroître leur indépendance15 . Dans une décision du 14 septembre 2021, le Conseil constitutionnel a déclaré conformes à la Constitution les dispositions permettant aux procureurs généraux de communiquer au ministre de la justice des rapports particuliers portant sur des procédures judiciaires en cours, étant donné que ce dernier ne peut adresser aux magistrats du parquet aucune instruction dans des affaires individuelles, même lorsqu’il sollicite ou se voit transmettre de tels rapports particuliers16 . En 202017 , le ministre de la justice a décidé, sur recommandation de son administration, d’ordonner des enquêtes administratives18 sur plusieurs magistrats pour violation présumée de leurs obligations déontologiques19 , et cette décision est actuellement examinée par la Cour de justice de la République (CJR). Trois associations de magistrats avaient déposé une plainte contre le ministre de la justice pour conflits d'intérêts avec ses anciennes activités professionnelles d'avocat. Le ministre de la justice a transféré au Premier ministre la compétence d’agir dans les affaires dans lesquelles il était précédemment impliqué en tant qu’avocat20 . Le 16 juillet 2021, au terme d’une audition, le ministre de la justice a été mis en examen par la CJR21 pour prise illégale d’intérêts. Entendu par la CJR, il a usé de son 13 Dans la pratique, le ministre de la justice suit toujours l’avis non contraignant du Conseil supérieur de la magistrature sur la nomination des magistrats du parquet, mais aucune disposition du droit positif ne l’y oblige. 14 Le GRECO a noté avec inquiétude l’absence de progrès dans la réforme constitutionnelle qui aurait donné suite à sa recommandation d’aligner les règles de nomination des procureurs et la procédure disciplinaire qui leur est applicable sur celles qui s'appliquent aux juges. Il a souligné l’importance primordiale de cette question et a invité les autorités françaises à accélérer la procédure et à donner effet à cette recommandation dans les meilleurs délais. Voir le quatrième cycle d’évaluation du GRECO - Addendum au deuxième rapport de conformité, p. 10 et 11. 15 Dans la première de ses dix propositions pour le devenir de la justice pénale, adoptées en novembre 2021, la Conférence nationale des procureurs de la République souligne la nécessité de renforcer les garanties concernant la nomination des magistrats du parquet en transférant cette compétence au Conseil supérieur de la magistrature, afin de garantir leur indépendance. 16 Décision nº 2021-927 QPC du 14 septembre 2021. Le Conseil constitutionnel a considéré que les dispositions contestées assurent une conciliation équilibrée entre le principe de l’indépendance judiciaire et la compétence du ministre de la justice de déterminer la politique en matière pénale, pour laquelle il doit disposer d'une information fiable et complète sur le fonctionnement de la justice. 17 Rapport 2021 sur l’état de droit, chapitre consacré à la situation de l’état de droit en France, p. 4. 18 Selon la jurisprudence du Conseil d’État, la décision d’ouvrir une enquête administrative, étape préliminaire des poursuites disciplinaires, est sans incidence négative sur la personne mise en cause. 19 Alors que l’inspection générale de la justice a conclu que les magistrats concernés avaient agi conformément à la loi, le Premier ministre, auquel le ministre de la justice a réattribué les affaires, a, sur la base de l’enquête administrative, saisi le Conseil supérieur de la magistrature pour qu’il apprécie si les magistrats concernés avaient manqué à leurs obligations. Voir les communiqués de presse du gouvernement français du 17 avril et du 15 septembre 2021. 20 Rapport 2021 sur l’état de droit, chapitre consacré à la situation de l’état de droit en France, p. 4. 21 Cette juridiction d’exception, composée de six membres du Sénat, de six membres de l’Assemblée nationale et de trois magistrats du siège de la Cour de cassation, est compétente pour connaître des affaires pénales relatives à des actes commis par des membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions. Une réforme constitutionnelle présentée au Parlement le 29 août 2019, qui n’a pas été adoptée, prévoyait d’abolir la CJR et de transférer ses compétences à la Cour d’appel de Paris. Voir le rapport 2021 sur l’état de droit, chapitre consacré à la situation de l’état de droit en France, p. 4. 7 droit au silence, considérant que les méthodes d’enquête n'étaient pas impartiales22 . L'affaire est toujours en cours23 . Le procureur général a décidé de ne pas saisir la CJR d’une troisième plainte déposée par un syndicat de magistrats au sujet d’une enquête portant sur la gestion d’une cour d'appel24 . Une loi pour la confiance dans l’institution judiciaire a posé de nouvelles garanties en matière de secret professionnel, de déontologie et de procédures disciplinaires concernant les avocats. La nouvelle loi25 , adoptée en décembre 2021, complète le code de procédure pénale en réaffirmant la protection du secret professionnel pour les activités tant de défense que de conseil. Plus précisément, un juge peut ordonner une perquisition du cabinet ou du domicile d’un avocat, à condition qu’il existe des raisons plausibles de soupçonner l’avocat d’avoir commis ou tenté de commettre l’infraction qui fait l’objet de la procédure26 . En outre, le magistrat qui effectue la perquisition doit veiller à ce que les investigations conduites ne portent pas atteinte au libre exercice de la profession d’avocat et à ce qu’aucun document relevant de l’exercice des droits de la défense et couvert par le secret professionnel ne soit saisi. Les propositions les plus importantes formulées par le Conseil national des barreaux, en particulier la volonté d’étendre les dispositions relatives au secret professionnel aux activités de conseil des avocats27 , ont été reprises dans la version finale de la loi. Cette évolution est également en phase avec les préoccupations des avocats au niveau européen quant à la protection du secret professionnel. En ce qui concerne les procédures disciplinaires, les nouvelles dispositions offrent plus de garanties aux parties concernées et laissent davantage de place à la conciliation. Le conseil de discipline devient une juridiction, présidée, dans certains cas, par un magistrat du siège28 . Concernant les réclamations formées par des particuliers, lorsque la nature de la réclamation le permet, une conciliation peut être organisée entre les parties, à laquelle prend part un avocat au moins29 . Afin de prévenir les infractions disciplinaires, l’article 42 de la loi prévoit la création d’un code de déontologie des avocats, élaboré par le Conseil national des barreaux, et maintient ainsi l'auto- réglementation de la profession en ce qui concerne les devoirs déontologiques. 22 Le ministre de la justice a publié la déclaration suivante: https://www.lopinion.fr/politique/dupond-moretti- a-la-cour-de-justice-de-la-republique-tout-demontre-votre-determination-a-me-salir. Dans un communiqué de presse du 4 mars 2022, la première présidente de la Cour de cassation a déploré cette déclaration, estimant qu’elle remettait en cause la déontologie des magistrats instructeurs et contribuait ainsi à affaiblir l’autorité judiciaire. 23 Le 10 mai 2022, le procureur général a requis un procès contre le ministre de la justice. La commission d’enquête de la CJR devra décider d’ouvrir ou non un tel procès. 24 L’enquête a été ordonnée par le Premier ministre, auquel le ministre de la justice a réattribué les affaires. Le procureur général a conclu que la plainte ne contenait pas suffisamment d’éléments de preuve à l’appui des allégations de conflit d’intérêts pour saisir la CJR. 25 Loi no 2021-1729 du 22 décembre 2021 pour la confiance dans l'institution judiciaire. 26 Le mandat de perquisition peut faire l’objet d’un recours suspensif dans un délai de 24 heures, formé par le ministère public, l’avocat ou le représentant du barreau. 27 Résolution de l’assemblée générale du Conseil national des barreaux du 17 septembre 2021. 28 Tel sera le cas lorsque la poursuite disciplinaire fera suite à une réclamation formée par un tiers ou lorsque l’avocat en fera la demande. Il sera possible de demander la récusation ou le déport d’un membre de la juridiction disciplinaire. De même, les recours contre les décisions des conseils de discipline régionaux seront examinés par les cours d’appel, avec une formation composée de trois juges et de deux membres du conseil de l’ordre. 29 En cas d’absence de conciliation, l’auteur de la réclamation est informé sans délai de la possibilité de saisir le procureur général près la cour d’appel de sa réclamation ou de saisir directement la juridiction disciplinaire. 8 Qualité La Cour des comptes a mis en évidence des difficultés dans la mise en œuvre des principaux projets destinés à accroître la numérisation de la justice civile et pénale. En dépit des efforts déployés pour améliorer la numérisation du système de justice et des progrès déjà accomplis, des améliorations restent possibles en ce qui concerne l’utilisation des outils numériques au sein des tribunaux et des parquets30 et dans la communication électronique avec les utilisateurs31 . Dans un rapport32 présenté au Sénat le 26 janvier 2022 et fondé sur une appréciation de la situation au printemps 2021, la Cour des comptes décrit les retards et les problèmes stratégiques rencontrés dans la mise en œuvre du plan visant à numériser la justice lancé en 2018 et formule un certain nombre de recommandations pour rendre ce plan plus efficace. La Cour des comptes estime qu’à ce stade, soit un an avant la fin de sa mise en œuvre, le plan de transformation numérique lancé en 2018 a donné des résultats mitigés et que tous les objectifs ne seront pas atteints33 . Plus précisément, la Cour des comptes a relevé que les projets essentiels pour la numérisation de la justice, à savoir la Procédure pénale numérique, Cassiopée, qui est l’élément central du traitement numérique des procédures pénales, et Portalis, un projet ambitieux visant à numériser toutes les étapes de la procédure civile34 , ont accumulé retards et dépassements de budget. La Cour des comptes suggère d’améliorer la gouvernance des projets structurants35 pour éviter des retards dans leur mise en œuvre. Le ministère de la justice a approuvé en grande partie les conclusions du rapport36 et a déjà pris un certain nombre de mesures pour améliorer la gouvernance des projets, dont la systématisation des analyses coûts-avantages. Depuis l'analyse de la Cour des comptes, d'autres améliorations ont été apportées en matière de procédure pénale numérique, libérant le personnel des tribunaux de tâches d’enregistrement fastidieuses et autorisant la communication numérique avec les avocats37 . Toutefois, des mesures supplémentaires s’imposent pour donner suite aux recommandations de la Cour des comptes, notamment pour centraliser le suivi global des projets en réduisant l’externalisation, en particulier pour les fonctions de pilotage des projets, afin de conserver le contrôle du développement des systèmes d’information. Les outils numériques à la disposition des justiciables et des professionnels de la justice continuent d’être déployés avec succès. Comme indiqué dans le rapport 2021 sur l’état de droit38 , le déploiement, dans les bureaux d’aide juridictionnelle, du système d’information de 30 Graphique 43 du tableau de bord 2022 de la justice dans l’UE. 31 Graphiques 42, 44, 45, 46 et 47 du tableau de bord 2022 de la justice dans l’UE. 32 Cour des comptes, Communication à la commission des finances du Sénat, «Améliorer le fonctionnement de la justice – Point d’étape du plan de transformation numérique du ministère de la justice». 33 L’un des obstacles à la mise en œuvre en temps utile du plan décrits dans le rapport a été l'apparition de nouveaux besoins en matière de sécurité des systèmes d’information. De même, plusieurs réformes adoptées dans l’intervalle ont eu une forte incidence sur la mise en œuvre du plan, car elles ont été adoptées en prenant insuffisamment en compte la capacité du ministère de la justice à mettre en place ou à adapter les systèmes d’information nécessaires pour les mettre en œuvre. Selon la Cour des comptes, cela a entraîné un décalage entre la date d’entrée en vigueur de certaines dispositions et la mise en service des outils numériques indispensables pour les gérer. 34 Rapport 2021 sur l’état de droit, chapitre consacré à la situation de l’état de droit en France, p. 4 et 5. 35 Elle a notamment préconisé de confier la responsabilité opérationnelle de chaque projet à un directeur de projet unique, qui en maîtriserait tous les leviers, en particulier budgétaires, et d'associer les utilisateurs finaux aux différentes instances de pilotage des systèmes d’information. 36 Contribution écrite du ministère de la justice dans le cadre de la visite en France. 37 Informations reçues du ministère de la justice dans le cadre de la visite en France. 38 Rapport 2021 sur l’état de droit, chapitre consacré à la situation de l’état de droit en France, p. 5. 9 l’aide juridictionnelle (SIAJ), qui permet aux particuliers de déposer une demande d’aide juridictionnelle en ligne, a débuté dans deux juridictions pilotes entre mars et octobre 2021 et progresse à un rythme soutenu. À la fin de 2021, 30 % des juridictions étaient équipées et, selon les prévisions, le système devrait être mis en œuvre dans 90 % des juridictions d’ici à la mi-2022. Il a été signalé que, dans les juridictions où le SIAJ était déjà mis en œuvre, le temps nécessaire au traitement des demandes d’aide juridictionnelle était réduit de deux tiers en moyenne39 . S’agissant de l’accessibilité en ligne des décisions de justice, toutes les décisions rendues publiquement par la Cour de Cassation, le Conseil d’État, l’ensemble des juridictions administratives de première instance et d’appel et les juridictions d'appel en matière civile, sociale et commerciale sont désormais accessibles sur la base de données ouvertes40 . Des améliorations restent possibles en ce qui concerne la publication des décisions rendues par d’autres juridictions, en particulier par les juridictions inférieures41 , et des travaux sont en cours pour adapter le moteur d'anonymisation de l’intelligence artificielle à la publication des décisions des juridictions de première instance en matière civile et commerciale et des juridictions du travail de première instance, ainsi que des décisions rendues en matière pénale. Les ressources allouées au système de justice ont augmenté pour la deuxième année consécutive, et les magistrats ont appelé à des efforts supplémentaires pour continuer à garantir la qualité de la justice. En 2020, les dépenses consacrées au système de justice ont été relativement faibles, en termes comparatifs, même si elles ont augmenté par rapport à 201942 . En 2022, le budget alloué au système de justice a encore été augmenté de 3,4 % par rapport à 2021 et a atteint 3,849 milliards d’EUR. L’enveloppe affectée à l’aide juridictionnelle a également augmenté, passant de 585 millions d’EUR en 2021 à 615,2 millions d’EUR en 2022. En outre, parmi les postes contractuels de courte durée créés en 2021, dont des postes de juristes adjoints aux magistrats, 1 414 deviendront permanents43 . Le Conseil supérieur de la magistrature a toutefois souligné que le budget alloué par la France au système de justice et le nombre de magistrats par habitant restent nettement inférieurs à ceux d’autres pays européens au PIB comparable, et il a demandé des garanties réglementaires supplémentaires pour stabiliser davantage le budget annuel de la justice44 . Le Conseil supérieur de la magistrature recommande également de réformer le statut et les missions des équipes autour des magistrats, ce qui permettrait aux juges et aux procureurs de 39 Information reçue du ministère de la justice dans le cadre de la visite en France. 40 L’article 33 de la loi du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice et le décret n° 2020-797 du 29 juin 2020 relatif à la mise à la disposition du public des décisions des juridictions judiciaires et administratives ont confié au Conseil d’État et la Cour de cassation la tâche de garantir cette disponibilité. En vertu d’un arrêté du 28 avril 2021, la disponibilité en ligne devrait être garantie selon le calendrier suivant: septembre 2021 pour le Conseil d’État et la Cour de cassation; mars 2022 pour les cours d’appel administratives; avril 2022 pour les cours d’appel en matière civile, sociale et commerciale; juin 2022 pour les tribunaux administratifs; entre 2023 et 2025 pour les conseils de prud'hommes, les tribunaux de commerce, les cours de première instance en matière civile et l’ensemble des procédures pénales. 41 Graphiques 48 et 49 du tableau de bord 2022 de la justice dans l’UE. 42 En 2020, les dépenses totales des administrations publiques consacrées aux tribunaux, exprimées en pourcentage du PIB, étaient les sixième plus faibles de l’UE (données d’Eurostat). Graphique 35 du tableau de bord 2022 de la justice dans l’UE. 43 Contribution écrite des autorités françaises dans le cadre de la visite en France, p. 5 et 6. Le budget général de la justice, qui inclut le budget alloué à d'autres postes que le système de justice, tels que les prisons, a augmenté de 8 % depuis 2021. 44 Contribution écrite du Conseil supérieur de la magistrature aux États généraux de la justice, 31 janvier 2021, p. 27 à 29. 10 se concentrer davantage sur leurs fonctions juridictionnelles et contribuerait de ce fait à la qualité de la justice45 . Dans une lettre ouverte publiée dans un quotidien national, un grand nombre de magistrats ont décrit la détérioration des conditions de travail dans de nombreuses juridictions, due notamment à un manque de ressources humaines et à une charge de travail comparativement excessive, ce qui les oblige à sacrifier la qualité au profit de la rapidité46 . Une vaste consultation sur le système de justice a eu lieu afin de répertorier les problèmes et les réformes nécessaires pour y remédier. Le président de la République a lancé les États généraux de la justice le 18 octobre 202147 . La première présidente de la Cour de cassation et le procureur général près cette dernière avaient précédemment exprimé leurs préoccupations face à une «remise en cause systématique de la justice»48 . Cette consultation à l'échelle nationale, associant professionnels de la justice et grand public, vise à dresser un état de situation de la justice et à formuler des propositions concrètes pour remédier à tout problème non résolu49 . Une consultation en ligne a eu lieu et plusieurs conférences ont été organisées. Un rapport final a été rédigé par un comité indépendant à partir des nombreuses contributions reçues et sera présenté par le président de la République50 . La loi pour la confiance dans l’institution judiciaire renforce les dispositions relatives à la médiation volontaire en tant qu’alternative aux procédures judiciaires. L’article 45 de cette loi51 établit un conseil national de la médiation52 dont les missions principales consistent à rendre des avis et à formuler des recommandations dans le domaine de la médiation à l’intention des pouvoirs publics, à rédiger un recueil de déontologie applicable à la médiation, à concevoir des référentiels nationaux de formation des médiateurs et à émettre des propositions sur les conditions d’enregistrement de ces derniers. La loi renforce également l’efficacité des actes constatant un accord issu d'une médiation, d'une conciliation ou d'une procédure participative en prévoyant que, lorsqu’ils sont contresignés par les avocats des parties et revêtus de la formule exécutoire par le greffe de la juridiction compétente, les transactions et autres accords conclus dans le cadre d’une médiation, d’une conciliation ou d’une procédure participative deviennent exécutoires. La promotion et les incitations en 45 Le Conseil supérieur de la magistrature recommande d’améliorer la stabilité et le professionnalisme des assistants des magistrats, en harmonisant leur statut et en confiant leur formation à l’École nationale de la magistrature. Les magistrats devraient également être étroitement associés à leur recrutement et à leur évaluation. Voir la contribution écrite du Conseil supérieur de la magistrature aux États généraux de la justice, 31 janvier 2021, p. 30 à 32. 46 La lettre ouverte, publiée dans Le Monde, était initialement signée par 3 000 magistrats et quelque 100 greffiers et a, par la suite, été approuvée par plus de 5 500 magistrats. À la suite de sa publication, le ministre de la justice a rencontré un groupe de magistrats de différentes catégories et s’est engagé à maintenir ce dialogue direct. 47 Cette consultation à l’échelle nationale, adressée à la fois au grand public et aux professionnels de la justice, est dirigée par un comité indépendant chargé de rédiger un rapport final résumant les conclusions pertinentes. Le processus de consultation est décrit plus en détail à la section 4 ci-dessous. 48 Plus particulièrement, lors d’une manifestation qui a eu lieu le 19 mai 2021 devant le siège de l’Assemblée nationale et qui a rassemblé des policiers ainsi que certains députés, le système de justice a été critiqué pour sa lenteur et son laxisme présumés, ce qui a été perçu par le pouvoir judiciaire comme une attaque contre l’indépendance de la justice. 49 Communiqué de presse de la présidence de la République du 18 octobre 2021. 50 Voir également le pilier IV ci-dessous sur le processus de consultation. 51 Loi no 2021-1729 du 22 décembre 2021 pour la confiance dans l'institution judiciaire. 52 Le Conseil national de la médiation sera composé de personnalités qualifiées ainsi que de représentants des associations intervenant dans le champ de la médiation, des administrations, des juridictions et des professions du droit. 11 faveur du recours aux méthodes de règlement extrajudiciaire des litiges sont relativement développées, en termes comparatifs, mais des améliorations restent possibles53 . Efficience La durée des procédures judiciaires en matière civile, commerciale et administrative, mesurée en termes de durée d’écoulement du stock d’affaires pendantes, a fortement augmenté au cours de l’année écoulée, sauf pour les affaires administratives, pour lesquelles la situation est restée stable54 . Plus précisément, le temps nécessaire estimé pour trancher les affaires civiles et commerciales contentieuses en première instance est passé de 432 jours en 2019 à 637 jours en 2020, l’une des valeurs les plus élevées dans l’UE55 . Le nombre d’affaires pendantes a légèrement augmenté, mais est resté globalement stable56 . Le taux de variation du stock d’affaires pendantes, qui montre comment le système de justice traite la charge de travail, a considérablement diminué, en particulier pour les affaires civiles et commerciales contentieuses, pour lesquelles il est passé de près de 100 % à moins de 93 %57 . Comme indiqué plus haut, plusieurs institutions judiciaires ont insisté sur la nécessité de recruter du personnel supplémentaire au sein du système de justice, plus particulièrement au sein des tribunaux58 et des parquets59 , afin de pouvoir gérer plus efficacement, dans la durée, le nombre d'affaires qui leur est attribué60 . À cette fin, le ministère de la justice met actuellement au point un outil de mesure qui permettra d’évaluer précisément les besoins de recrutement à moyen et à long terme61 . De plus, 1 914 agents contractuels ont été recrutés pour traiter l’arriéré judiciaire. Le ministère de la justice a rapporté que le nombre d’affaires pendantes a fortement diminué à partir de 2021. Parallèlement, la Conférence nationale des présidents des tribunaux judiciaires a mis au point et rendu public son propre outil de mesure destiné à évaluer précisément la charge de travail des magistrats du siège en tenant compte de toutes leurs attributions et missions actuelles62 . Il ressort de la première évaluation réalisée 53 Graphique 29 du tableau de bord 2022 de la justice dans l’UE. 54 Graphiques 6 à 10 du tableau de bord 2022 de la justice dans l’UE. 55 Graphique 7 du tableau de bord 2022 de la justice dans l’UE. 56 Graphiques 14 à 16 du tableau de bord 2022 de la justice dans l’UE. 57 Graphiques 11 à 13 du tableau de bord 2022 de la justice dans l’UE. 58 Contribution écrite du Conseil supérieur de la magistrature aux États généraux de la justice, 31 janvier 2021, pp. 29 à 33. 59 Dans la deuxième de ses dix propositions pour le devenir de la justice pénale, adoptées en novembre 2021, la Conférence nationale des procureurs de la République souligne que, selon l’évaluation de la Commission européenne pour l’efficacité de la justice (CEPEJ), la France affiche l’un des plus petits nombres de procureurs par habitant en Europe (3 pour 100 000 habitants), ces derniers devant gérer un nombre très élevé d'affaires et exercer un grand nombre de fonctions. 60 Il est indiqué aux points 33 et 35 de la recommandation CM/Rec(2010)12 du Comité des ministres du Conseil de l’Europe, que «[c]haque État devrait allouer aux tribunaux les ressources, les installations et les équipements adéquats pour leur permettre de fonctionner dans le respect des exigences énoncées à l’article 6 de la Convention et pour permettre aux juges de travailler efficacement» et que «[l]es tribunaux devraient être dotés d’un nombre suffisant de juges et d’un personnel d'appui adéquatement qualifié». 61 Depuis 2019, le ministère de la justice mène des travaux visant à mieux évaluer l’activité des tribunaux afin de calculer les besoins qui en résultent en termes de nombre de procureurs de la République, en se dotant d’un outil de gestion national fondé sur un système de pondération des affaires. Ce projet est dirigé par la direction des services judiciaires avec l’appui de l’inspection générale de la justice et en étroite concertation avec les syndicats et le ministère public. L’objectif est d’évaluer précisément la charge de travail induite par un dossier et d’y associer un délai moyen de traitement. Voir la contribution écrite des autorités françaises dans le cadre de la visite en France, p. 4 et 5. 62 Cet outil de pilotage des moyens humains des juridictions (à l’exception du Tribunal de Paris qui, en raison de ses spécificités, dispose de ses propres méthodes d’évaluation), réclamé à de nombreuses reprises par la Cour des comptes, sera révisé annuellement. Il est complété par un tableau de projection des besoins en 12 par les deux tiers des juridictions sur cette base que, dans les juridictions de première instance, 1 500 magistrats du siège supplémentaires seraient nécessaires pour faire face durablement à la charge de travail actuelle, et que l’outil de mesure mis au point par le ministère de la justice permettrait d’affiner cette évaluation63 . II. CADRE DE LUTTE CONTRE LA CORRUPTION Parmi les instances chargées de lutter contre la corruption figurent l’Agence française anticorruption (AFA), qui élabore le plan pluriannuel de lutte contre la corruption et aide les personnes morales de droit public et de droit privé à prévenir et à détecter les faits de corruption, la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), chargée de veiller à la probité des agents publics, et l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLIFF), un service de police spécialisé dans les enquêtes sur les infractions économiques, y compris la corruption et le blanchiment de capitaux. Le Parquet national financier (PNF) est compétent pour enquêter dans les affaires de grande corruption. Les experts et les dirigeants d’entreprise perçoivent le niveau de corruption dans le secteur public comme étant relativement faible. Dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International publié en 2021, la France obtient un score de 71/100 et se classe au 8e rang dans l’Union européenne et au 22e rang dans le monde64 . Cette perception est restée relativement stable au cours des cinq dernières années65 . L’enquête «Eurobaromètre spécial» de 2022 sur la corruption montre que 64 % des personnes interrogées estiment que la corruption est répandue dans leur pays (moyenne de l’UE: 68 %) et que 7 % des personnes interrogées se sentent personnellement touchées par la corruption dans leur vie quotidienne (moyenne de l’UE: 24 %)66 . En ce qui concerne les entreprises, 50 % d’entre elles estiment que la corruption est répandue (moyenne de l’UE: 63 %) et 31 % estiment que la corruption est un problème dans le monde des affaires (moyenne de l’UE: 34 %)67 . En outre, 23 % des répondants estiment qu’il existe un nombre suffisant d'actions pénales ayant abouti à des condamnations pour dissuader les personnes de se livrer à des pratiques de corruption (moyenne de l’UE: 34 %)68 , tandis que 37 % des entreprises estiment magistrats dans chaque juridiction. Voir le communiqué de presse de la Conférence nationale des présidents des tribunaux judiciaires du 16 février 2022. 63 Communiqué de presse de la Conférence nationale des présidents des tribunaux judiciaires du 16 février 2022. 64 Transparency International (2022), Indice de perception de la corruption 2021, p. 2 et 3. La perception de la corruption se répartit comme suit: très faible (le niveau de perception de la corruption du secteur public par les experts et les dirigeants d’entreprise obtient une note supérieure à 79), relativement faible (notes comprises entre 79 et 60), relativement élevée (notes comprises entre 59 et 50) et élevée (notes inférieures à 50). 65 En 2017, le score était de 70 alors qu’en 2021, il atteignait 71. Il y a augmentation/diminution sensible de l’indice lorsque celui-ci gagne/perd plus de cinq points, augmentation/diminution lorsque la variation est comprise entre 4 et 5 points, et stabilité relative lorsque la variation est comprise entre 1 et 3 points au cours des cinq dernières années. 66 Rapport Eurobaromètre spécial 523 sur la corruption (2022). Les données de l’Eurobaromètre concernant la perception et l’expérience des citoyens en matière de corruption sont mises à jour tous les deux ans. Le jeu de données précédent provient de l’Eurobaromètre spécial 502 (2020). 67 Rapport Eurobaromètre Flash 507 sur l’attitude des entreprises face la corruption dans l’UE (2022). Les données de l’Eurobaromètre sur l’attitude des entreprises face la corruption sont mises à jour tous les deux ans. Le jeu de données précédent provient de l’Eurobaromètre Flash 482 (2019). 68 Rapport Eurobaromètre spécial 523 sur la corruption (2022). 13 que les personnes et les entreprises poursuivies pour corruption d’un haut fonctionnaire sont sanctionnées de manière appropriée (moyenne de l’UE: 29 %)69 . La mise en œuvre du plan national de lutte contre la corruption pour la période 2020- 2022 se poursuit. Le plan de lutte contre la corruption fixe huit objectifs70 , parmi lesquels la prévention de la corruption dans l’organisation de deux grands événements sportifs internationaux en cours de préparation71 . Le rapport sur la mise en œuvre finale du plan de lutte contre la corruption devrait être élaboré par l’agence anticorruption d’ici à la fin de 2022, parallèlement à l'élaboration du prochain plan national de lutte contre la corruption (post-2022)72 . Des mesures législatives ont été prises pour améliorer le cadre juridique de lutte contre la corruption73 . À la suite des recommandations formulées dans le rapport publié en juillet 2021 par la commission des lois du Parlement74 , un nouveau projet de loi anticorruption a été présenté au Parlement en octobre 2021; il comprend des dispositions à la fois préventives et répressives, notamment en ce qui concerne la lutte contre la corruption, les atteintes à la probité, la justice négociée et un registre des représentants d’intérêts75 . Des résultats tangibles continuent d’être enregistrés en ce qui concerne les condamnations dans les affaires de grande corruption en dépit des difficultés liées aux ressources limitées et aux faiblesses structurelles. L’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLIFF)76 reste chargé des enquêtes dans 69 Rapport Eurobaromètre Flash 507 sur l’attitude des entreprises face à la corruption dans l’UE (2022). 70 Ce plan est axé sur les actions suivantes: i) mieux connaître et détecter la corruption en optimisant l’exploitation des données; ii) former et sensibiliser les agents publics; iii-a) accompagner le déploiement des programmes anticorruption dans l’ensemble des ministères; iii-b) accompagner le déploiement des programmes anticorruption dans les grandes collectivités territoriales et leurs établissements; iii-c) promouvoir la prise en compte de l’intégrité dans les organisations et événements sportifs; iii-d) soutenir les entreprises dans leur effort d’appropriation du standard anticorruption français et les encourager à faire de la conformité anticorruption un levier de compétitivité; iii-e) mieux sanctionner les atteintes à la probité; et iv) renforcer l’action française internationale. 71 La Coupe du monde de rugby en 2023 et les Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024. Rapport 2021 sur l’état de droit, chapitre consacré à la situation de l’état de droit en France, p. 7. Contribution de la France au rapport 2022 sur l’état de droit, p. 9. 72 Des discussions sont en cours entre un comité interministériel (dirigé par l’AFA) et certaines parties prenantes (notamment des ONG) sur les actions à inscrire dans le prochain plan national de lutte contre la corruption. Information reçue de l’AFA dans le cadre de la visite en France. 73 Des lois (dont la loi n° 2016-1691 du 9 décembre 2016 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique, dite «loi Sapin II») sont en place en France pour prévenir et combattre la corruption dans les secteurs privé et public, couvrant notamment la protection des lanceurs d’alerte, les déclarations de patrimoine, la défense d’intérêts et le (rétro)pantouflage. Rapport 2020 sur l’état de droit, chapitre consacré à la situation de l’état de droit en France, p. 7 et 8. 74 Assemblée nationale, Commission des lois, rapport d’information no 4325 du 7 juillet 2021 concluant les travaux d’une mission d’information sur l’évaluation de l’impact de la loi Sapin 2, présenté par MM. Raphaël Gauvain et Olivier Marleix, rapporteurs, députés. 75 Proposition de loi nº 4586 visant à renforcer la lutte contre la corruption. Le texte proposé affirme le rôle de l’AFA en matière de coordination administrative et de programmation stratégique, et transfère à la HATVP les fonctions de conseil et de contrôle des acteurs publics actuellement remplies par l’Agence. L’AFA resterait ainsi compétente en matière de conseil et de contrôle des acteurs économiques. Le texte vise également à améliorer l’utilisation et le fonctionnement de la convention judiciaire d’intérêt public (CJIP). Enfin, il renforce les obligations auxquelles sont soumis les représentants d'intérêts et les décideurs publics. 76 L’OCLCIFF est un service de police spécialisé dans les enquêtes sur les infractions économiques, y compris la corruption et le blanchiment de capitaux. Rapport 2021 sur l’état de droit, chapitre consacré à la situation de l’état de droit en France, p. 8. 14 les affaires de grande corruption. Le personnel dont dispose l’office (78 agents) par rapport à sa charge de travail (250 dossiers en cours) est source de préoccupation77 . Le parquet national financier (PNF) a prononcé 40 condamnations en 2021, approuvé 12 comparutions sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC)78 et conclu trois conventions judiciaires d'intérêt public (CJIP) (pour un montant cumulé d’amendes de près de 45 millions d’euros), ainsi que deux autres compositions pénales79 . La même année, il a récupéré un montant total de 173,1 millions d’EUR80 . En août 2021, le gouvernement a adopté une simplification des procédures applicables à la convention judiciaire d’intérêt public81 . À la suite d’une instruction ministérielle à cet effet, le nombre de remontées d’informations82 a diminué (passant de 3 834 en 2021 à 1 854 de janvier à avril 2022)83 . Bien qu’en 2021, le nombre de magistrats affectés au PNF soit passé de 17 à 1884 , des efforts supplémentaires s’imposent pour donner suite à la recommandation du GRECO sur ses effectifs85 . Il convient de remédier aux problèmes structurels affectant la procédure pénale applicable à la corruption d’agents publics étrangers, y compris les activités du PNF et de l’AFA86 . Le projet de loi adopté par le Parlement en novembre 202187 a suscité des critiques quant à l’effectivité des enquêtes en 77 Information reçue de l’OCLCIFF dans le cadre de la visite en France. 78 La comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) est une audience de plaider coupable. Elle exige des entreprises et des particuliers qu’ils plaident coupables en échange de la fin des poursuites. Rapport annuel 2021 du PNF. 79 La composition pénale est une mesure prise par le procureur de la République ou son représentant dans le cadre des mesures alternatives aux poursuites, analogue au plaider coupable. Contribution de la France au rapport 2022 sur l’état de droit, p. 17 et 18. 80 Depuis 2014, un montant total de 10 178 milliards d’EUR a été récupéré au moyen de 17 conventions judiciaires d’intérêt public (dont 9 conclues par le PNF, pour un montant d’environ 2 milliards d’euros). Contribution de la France au rapport 2022 sur l’état de droit, p. 18. 81 Pour contenir la corruption, plusieurs pays ont mis en place des procédures judiciaires plus adaptées, notamment des accords de plaider coupable entre les autorités nationales chargées des poursuites et les entreprises. En France, l’article 22 de la loi no 2016-1691 du 9 décembre 2016 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique (communément appelée «loi Sapin II») a introduit en droit pénal français un nouvel instrument de procédure transactionnelle, la convention judiciaire d’intérêt public (CJIP). Décret n° 2021-1045 du 4 août 2021 portant adaptation et simplification de la procédure applicable à la convention judiciaire d'intérêt public et relatif à l'affectation des assistants spécialisés. 82 La remontée d’informations est une pratique consistant à communiquer au ministère de la justice des informations sur des affaires spécifiques suivies par le parquet. 83 Cette remontée d’informations se fait une fois le dossier clos, sous une forme expurgée, à des fins d’information et de statistique uniquement. Informations reçues du PNF dans le cadre de la visite en France. 84 Ce nombre devrait passer à 19 fin septembre 2022. Information reçue du PNF dans le cadre de la visite en France. 85 Le GRECO a recommandé de doter le parquet national financier de ressources supplémentaires, notamment en termes de personnel. Cinquième cycle d’évaluation du GRECO - Rapport de conformité, p. 13. 86 Les problèmes structurels de ressources affectent toutes les étapes de la procédure pénale. En particulier, la limitation de la durée des enquêtes préliminaires à deux ou trois ans (adoptée par le Parlement le 18 novembre 2021) ou la proposition de réforme de l’AFA et de son mandat (un projet de loi a été introduit le 21 octobre 2021) suscitent d’importantes préoccupations quant à la poursuite des récentes avancées et représentent autant de risques de les remettre en cause. Il est indiqué à la page 58 du rapport intitulé «Mise en œuvre de la convention de l’OCDE sur la lutte contre la corruption, rapport de phase 4, France», adopté en décembre 2021, que, de l’avis des juges d’instruction, la création du PNF et l’augmentation du nombre d’affaires économiques et financières n’ont pas été accompagnées d’un renforcement des moyens des juges d’instruction compétents. Le même rapport de l’OCDE précise aussi que «la limitation de la durée des enquêtes préliminaires à deux ou trois ans [...] pourrait entraîner le transfert supplémentaire d’un nombre significatif d’affaires économiques et financières vers les juges d’instruction, et donc encore aggraver cette situation». 87 Proposition de loi sur la «confiance dans l’institution judiciaire», adoptée par le Parlement le 18 novembre 2021. Le projet de loi a introduit un régime légal de prescription pour les enquêtes préliminaires portant sur 15 matière de corruption d'agents publics étrangers88 . De même, le cadre législatif concernant la responsabilité pénale des entreprises en cas de corruption d’agents publics étrangers présente certaines lacunes89 . L’AFA continue de publier des orientations en matière d’intégrité à l’intention des entités des secteurs public et privé. En 2021, l’AFA a continué de publier des orientations thématiques90 , y compris à l’intention du secteur privé91 , conçu un exercice de sensibilisation aux obligations anticorruption92 , signé des protocoles d’accord institutionnels93 et dispensé des formations à différentes parties prenantes des secteurs public et privé. Malgré une baisse de ses effectifs en 2021, l’Agence estime que les ressources humaines dont elle dispose sont globalement suffisantes94 . Le taux de renouvellement du personnel, dû à la rotation des personnes occupant des postes détachés, a diminué. La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) continue de contrôler la probité des agents publics. La HATVP continue de fournir des conseils sur les règles de probité applicables aux agents publics, y compris celles qui concernent la déclaration de patrimoine95 . En 2021, sur les 15 574 déclarations d’intérêts et de patrimoine reçues, elle n’en a examiné que 3 150, et a transmis 11 dossiers au ministère public en vue d’une analyse plus approfondie pour cause de présomption d’infractions96 . Pour la même la corruption d'agents publics étrangers et les infractions connexes (telles que la dissimulation ou le blanchiment de capitaux). 88 Il «semble méconnaître le caractère multidimensionnel de la complexité des enquêtes de CAPE de même que le manque de moyens de la justice économique et financière en France», Mise en œuvre de la convention de l’OCDE sur la lutte contre la corruption, rapport de phase 4, France, adopté en octobre 2021, p. 75. 89 «Des difficultés cruciales demeurent, notamment en lien avec la condition relative à l’établissement de la commission des faits par l’organe ou le représentant.» Mise en œuvre de la convention de l’OCDE sur la lutte contre la corruption, rapport de phase 4, France, adopté en décembre 2021. 90 On peut citer notamment: le guide pratique sur la mise en place d’un dispositif de prévention des risques de corruption dans le secteur du bâtiment et des travaux publics (février 2022), le guide pratique à l’intention des associations et fondations reconnues d’utilité publique (janvier 2022), le guide pratique sur la maîtrise du risque d’atteinte à la probité au sein des associations et fondations reconnues d’utilité publique (janvier 2022), et le guide pratique sur la prévention des conflits d’intérêts dans l’entreprise (novembre 2021). 91 Deux guides pratiques à l’intention des opérateurs du ministère des sports et des fédérations sportives ont été élaborés et devraient être publiés dans le courant de l’année 2022. Contribution de la France au rapport 2022 sur l’état de droit, p. 13. En ce qui concerne le secteur privé, deux sociétés établies en France ont été sanctionnées début 2022 pour pratiques de corruption dans le cadre de marchés publics internationaux. Voir Banque mondiale (2022), communiqué de presse, World Bank Group Debars ADP International S.A., et Banque mondiale (2022), communiqué de presse, World Bank Group sanctions Bouygues Bâtiment International. 92 «En quête d’intégrité», le jeu sérieux de sensibilisation à la prévention de la corruption, https://www.agence- francaise-anticorruption.gouv.fr/fr/decouvrez-en-quete-dintegrite-jeu-serieux-sensibilisation-prevention- corruption. 93 En février 2022, la Commission interministérielle de coordination des contrôles (CICC) et l’AFA ont signé un protocole de coopération relatif à la mise en œuvre de la facilité pour la relance et la résilience (FRR), volet européen du plan de relance. 94 À mesure que l’Agence gagne en expérience et en réputation, il lui est plus facile d’attirer de nouveaux agents qualifiés. Information reçue de l’AFA dans le cadre de la visite en France. 95 Rapports 2020 et 2021 sur l’état de droit, chapitre consacré à la situation de l’état de droit en France, p. 6 et p. 9 respectivement. 96 Contribution écrite de la HATVP dans le cadre de la visite en France. 16 année, la HATVP a examiné environ 19 000 rapports sur des cas de (rétro)pantouflage (circulation de professionnels entre le secteur privé et le secteur public)97 . Si les contrôles portant sur les fonds des partis et des responsables politiques se poursuivent, un grand nombre de préoccupations subsistent en ce qui concerne l’application des règles relatives à la défense d’intérêts à tous les acteurs concernés, y compris au plus haut niveau de l’exécutif. En 2021, la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) a examiné un total d’environ 8 200 déclarations financières de candidats au Sénat ou aux élections régionales et en a rejeté 58298 . La HATVP est chargée de la gestion du registre des représentants d’intérêts99 . Une recommandation du GRECO appelant à faire rapport publiquement sur les représentants d’intérêts rencontrés par des personnes exerçant de hautes fonctions de l’exécutif au niveau national reste sans réponse100 . Malgré le nouveau projet de loi anticorruption (voir page 13 ci- dessus), aucune réponse n’a été apportée aux préoccupations existantes concernant le type d’activités de défense d’intérêts et de représentants d’intérêts101 . Les déclarations exigées par le système pour de nombreuses activités de défense d’intérêts (y compris au niveau local) créent une charge de travail importante pour la HATVP, qui manque de ressources humaines et techniques102 . En 2021, un certain nombre de personnes politiquement exposées ont été condamnées pour fraude fiscale103 . Dans le premier rapport de conformité, adopté moins de deux ans après le rapport d’évaluation, le GRECO a affirmé que neuf recommandations étaient considérées comme partiellement mises en œuvre et que huit n’avaient pas été mises en œuvre104 . Des progrès devront donc être réalisés en ce qui concerne les codes de conduite 97 Les résultats des contrôles sont les suivants: 10 % des cas ont reçu un avis d’incompatibilité, 64 % un avis de compatibilité avec réserve et 24 % un simple avis. Les décisions en matière de compatibilité sont contraignantes pendant trois ans. Informations reçues de la HATVP dans le cadre de la visite en France. 98 Pour la première fois lors de l’élection présidentielle d’avril 2022, un nouveau logiciel (appelé FINPOL) a été utilisé pour vérifier les déclarations financières et les déclarations d’intérêts des 12 candidats, cette évaluation (à l’exception des données personnelles sensibles) devant être publiée un mois après le scrutin. Information reçue de la CNCCFP dans le cadre de la visite en France. 99 Préalablement au recrutement à une haute fonction publique d’une personne précédemment employée dans le secteur privé, la HATVP rend un avis qui déterminera le recrutement. Avant la nomination de tout membre du gouvernement et en rapport avec la personne dont la nomination est envisagée, le président de la République peut demander au président de la HATVP des informations indiquant, à la date de la demande et eu égard aux renseignements dont la HATVP dispose, si la personne concernée se trouve potentiellement dans une situation de conflit d’intérêts, ainsi que les mesures nécessaires pour prévenir ce conflit d’intérêts ou y mettre fin immédiatement. Rapports 2020 et 2021 sur l’état de droit, chapitre consacré à la situation de l’état de droit en France, p. 8 et p. 10 respectivement. 100 Cinquième cycle d’évaluation du GRECO - Rapport de conformité, p. 8. 101 La définition de représentant d’intérêts ne couvre que les entités et non les particuliers. Le système actuel risque de profiter injustement aux grandes entités existantes exerçant des activés de défense d’intérêts (qui entretiennent des relations bien établies avec les décideurs) et de désavantager les petites entités ou les entités nouvelles (qui doivent établir et nouer des relations de défense d’intérêts avec les décideurs). La proposition présentée par la Haute autorité en la matière n’a pas été prise en considération dans le nouveau projet de loi sur l’après-Sapin II. Information reçue de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) dans le cadre de la visite en France. Rapport 2021 sur l’état de droit, chapitre consacré à la situation de l’état de droit en France, p. 1 et 10. 102 La HATVP emploie actuellement 67 agents, dispose d’un budget de 9 millions d’EUR pour 2022 et ses ressources techniques (comme les logiciels utilisés pour vérifier les déclarations de patrimoine et d’activités de défense d’intérêts) sont insuffisantes. Informations reçues de la HATVP dans le cadre de la visite en France. 103 Information reçue du ministère de la justice dans le cadre de la visite en France. 104 Le rapport du GRECO indiquait qu’une seule recommandation avait été mise en œuvre de manière satisfaisante (recommandation sur la confidentialité des procédures consultatives auprès des 17 (pour les personnes exerçant de hautes fonctions de l’exécutif au niveau national)105 , la vérification et l’accessibilité des déclarations de patrimoine (du candidat à l’élection présidentielle, des personnes exerçant de hautes fonctions de l’exécutif106 , ainsi que des membres de l’Assemblée nationale et des sénateurs)107 , les conflits d’intérêts108 et l’examen des affaires de corruption impliquant des membres du gouvernement109 . Les règles de probité applicables aux membres de l’Assemblée nationale et du Sénat continuent d’être mises en œuvre. En 2021, la commission de déontologie de l’Assemblée nationale110 a émis 50 avis individuels, répondu à quelque 443 demandes de clarification sur l’utilisation des fonds pendant la campagne électorale présidentielle111 et vérifié des déclarations financières émanant de députés (150 déclarations pour 2020 et 50 pour 2021), pour lesquelles seules des violations mineures ont été constatées112 . En 2021, seules des infractions mineures aux règles en matière de conflits d’intérêts ont été constatées. En janvier 2022, l’Assemblée nationale a adopté un nouveau code de conduite comportant des dispositions modifiées concernant les activités de défense d’intérêts113 . La commission de déontologie du Sénat est l’organe responsable de la déontologie des sénateurs114 . Si des dispositions en matière de probité sont mises en œuvre dans l’ensemble du secteur public, il reste nécessaire d’améliorer les contrôles de sécurité liés à la probité dans la police, ainsi que le pouvoir disciplinaire à l’égard des juges. Le personnel de la police reçoit du matériel de formation et de sensibilisation ciblé en matière de lutte contre la corruption115 . La gendarmerie nationale organise des formations en déontologie à l’intention du personnel militaire à tous les niveaux116 . L’inspection générale de la gendarmerie met la dernière main à un plan d’action sur la déontologie, lequel comporte des mesures de lutte contre la corruption117 . Néanmoins, la recommandation du GRECO d’effectuer à intervalles réguliers des contrôles de sécurité tenant à l’intégrité des membres de la police nationale et de la gendarmerie nationale reste sans réponse118 . L’école nationale de la magistrature organise référents/correspondants déontologues et sur une formation spécifique pour les référents et correspondants déontologues). Cinquième cycle d’évaluation du GRECO - Rapport de conformité, p. 16. 105 Cinquième cycle d’évaluation du GRECO - Rapport de conformité, p. 6. 106 Cinquième cycle d’évaluation du GRECO - Rapport de conformité, p. 10 et 11. 107 Quatrième cycle d’évaluation du GRECO - Addendum au deuxième rapport de conformité, p. 7. 108 Pour garantir la transparence sur les cas de conflit d’intérêts pour le Premier ministre. 109 Quatrième cycle d’évaluation du GRECO - Addendum au deuxième rapport de conformité, p. 12. 110 Chargée du suivi de la mise en œuvre du code de conduite des députés. 111 Les questions fréquemment posées et les réponses à celles-ci sont publiées sur l’intranet de l’Assemblée nationale et sont accessibles aux députés. Information reçue de la commission de déontologie de l’Assemblée nationale dans le cadre de la visite en France. 112 Les violations constatées ont entraîné le recouvrement de 2 % des fonds publics précédemment alloués aux députés. Informations reçues de la commission de déontologie de l’Assemblée nationale dans le cadre de la visite en France. 113 Code de conduite des députés (Nouvelle rédaction issue de la réunion du Bureau du 21 février 2022). Les représentants d’intérêts doivent informer les députés de la valeur des dons et ne peuvent pas rémunérer les collaborateurs parlementaires pour des activités de défense d’intérêts. Informations reçues de la commission de déontologie de l’Assemblée nationale dans le cadre de la visite en France. 114 Conformément à l’ordonnance no 58-1100 du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires. 115 Contribution de la France au rapport 2022 sur l’état de droit, p. 10. 116 Ces actions seront probablement utilisées pour réévaluer la suite donnée à la recommandation précédente du GRECO concernant l’amélioration de la formation des services répressifs en matière de lutte contre la corruption, qui devra faire l’objet d’une réévaluation. 117 Contribution de la France au rapport 2022 sur l’état de droit, p. 10. 118 Cinquième cycle d’évaluation du GRECO - Rapport de conformité, p. 16. 18 des formations sur la lutte contre la corruption. À la demande du président de la République119 , le Conseil supérieur de la magistrature a publié, en septembre 2021, une série de propositions en matière de déontologie120 . Lorsque des membres du corps judiciaire changent de poste, ils doivent déclarer leur patrimoine et assister à une réunion consacrée à la conduite déontologique121 . Toutefois, aucune information n’est disponible sur le fonctionnement de ce système de déclaration122 . La recommandation du GRECO appelant à concentrer le pouvoir disciplinaire à l’égard des juges entre les mains de la commission du service judiciaire doit encore être mise en œuvre123 . Une nouvelle loi a été adoptée pour protéger les lanceurs d’alerte. En mars 2022, le Parlement a adopté une nouvelle loi sur la protection des lanceurs d’alerte124 , qui transpose en droit national la directive de l’UE sur les lanceurs d’alerte125 . Conformément à cette nouvelle loi, le Défenseur des droits126 se verra confier un rôle central et de référence pour les nouvelles dispositions, y compris en ce qui concerne le rapport sur le fonctionnement du système de lancement d’alerte127 . Cette évolution législative sera utilisée pour réévaluer la recommandation précédente du GRECO appelant à réviser le régime de protection des lanceurs d’alerte128 . En 2021, le Défenseur des droits a traité 81 alertes129 . Les mesures anticorruption prise dans le cadre des marchés publics au moment de la pandémie de COVID-19 continuent d’être mises en œuvre. Le guide spécifique publié en juin 2020 par l’AFA et la Direction des achats de l’État continue de s’appliquer130 . III. PLURALISME ET LIBERTE DES MEDIAS Le cadre juridique français relatif au pluralisme des médias est établi par la Constitution et par une législation sectorielle spécifique, mise en œuvre par l’autorité indépendante de régulation des médias. La Constitution protège la liberté d’expression et garantit le pluralisme des médias. La déclaration des droits de l’homme et du citoyen reconnaît la liberté 119 En vertu de l’article 65 de la Constitution, sur la double problématique de la responsabilité et de la protection des magistrats. 120 Les propositions visent à: placer la déontologie au cœur de la fonction de magistrat, favoriser la détection des manquements disciplinaires, améliorer le déroulement des poursuites disciplinaires et l’échelle des sanctions et renforcer la protection personnelle et fonctionnelle des magistrats. Formation plénière du Conseil supérieur de la magistrature, Avis au président de la République, saisine du 17 février 2021, remis au président de la République le 24 septembre 2021. 121 En moyenne, chaque année, entre un tiers et un quart des magistrats changent de poste. Information reçue du Conseil supérieur de la magistrature dans le cadre de la visite en France. 122 En 2021, il y a eu un cas de conflit d’intérêts postérieur à la cessation des fonctions concernant un magistrat de haut rang. Information reçue du Conseil supérieur de la magistrature dans le cadre de la visite en France. 123 Quatrième cycle d’évaluation du GRECO - Addendum au deuxième rapport de conformité, p. 9. 124 Loi no 2022-401 du 21 mars 2022 visant à améliorer la protection des lanceurs d’alerte. 125 Directive (UE) 2019/1937 sur la protection des personnes qui signalent des violations du droit de l’Union. 126 Le Défenseur des droits est l’entité qui assiste et conseille les lanceurs d’alerte. Rapport 2021 sur l’état de droit, chapitre consacré à la situation de l’état de droit en France, p. 11. 127 Information reçue du Défenseur des droits dans le cadre de la visite en France. 128 Cinquième cycle d’évaluation du GRECO - Rapport de conformité, p. 18. 129 On observe une recrudescence des cas impliquant des grandes entreprises ou des institutions publiques. Information reçue du ministère de la justice dans le cadre de la visite en France. 130 Pour chaque phase des marchés publics, ce guide (intitulé «Maîtriser le risque de corruption dans le cycle de l’achat public») présente les risques de corruption correspondants, propose des mesures d’atténuation et formule des recommandations sur la manière de cartographier les risques organisationnels et d’élaborer des codes de conduite anticorruption. Rapport 2021 sur l’état de droit, chapitre consacré à la situation de l’état de droit en France, p. 11. 19 d’expression comme un droit fondamental. La transparence en matière de propriété des médias est garantie par une législation spécifique131 . La législation visant à transposer la directive «Services de médias audiovisuels» a été adoptée132 . L’autorité indépendante de régulation des médias a été repensée en vue d’une meilleure réglementation de l’environnement en ligne. À compter du 1er janvier 2022133 , le régulateur des médias [Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA)] et l’autorité en matière de droit d’auteur en ligne [Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet (HADOPI)] ont fusionné pour créer un nouveau régulateur doté de compétences élargies: l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM). L’objectif de la réforme est de créer un régulateur national unique doté de compétences accrues (y compris des pouvoirs en matière de procédures de conciliation et des pouvoirs d’enquête) dans l’ensemble du domaine du contenu audiovisuel et numérique. L’ARCOM est dotée de compétences plus étendues liées à la création de contenu et aux obligations, au droit d’auteur, à la lutte contre la désinformation ainsi qu’aux contenus en ligne préjudiciables. Le conseil d’administration de l’ARCOM est composé de neuf membres, nommés tous les deux ans par cinq autorités différentes (dans les domaines exécutif, législatif et judiciaire)134 pour un mandat unique non renouvelable de six ans. L’ARCOM jouit des mêmes garanties d'indépendance que celles prévues pour le CSA et la HADOPI135 . D’après le Media Pluralism Monitor (MPM 2022) l’indépendance de l’autorité de régulation des médias est un domaine présentant un risque très faible136 . Aucun changement n’a été apporté au cadre juridique régissant la transparence de la propriété des médias depuis le dernier rapport sur l’état de droit137; les problèmes de la concentration horizontale et crossmédia persistent. La France a mis en place des garanties juridiques afin de veiller à la transparence de la propriété des médias, garantie par la loi sur la liberté de communication, la loi pour la confiance dans l'économie numérique et la loi sur la liberté de la presse138 . Ces lois prévoient que tout rédacteur d’un service de radiodiffusion ou 131 Loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication; loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique; et loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse; ces lois prévoient que tout rédacteur d’un service de radiodiffusion ou directeur de publication doit tenir certaines informations à la disposition du public de façon permanente, notamment les informations relatives à la propriété. 132 Le décret n° 2021-793 portant transposition de la directive SMA a été adopté le 22 juin 2021. Un décret supplémentaire, le décret n° 2021-1923 du 30 décembre 2021 relatif à la procédure de suspension provisoire de la retransmission de certains services de télévision et de médias audiovisuels, a été adopté pour achever la transposition de la directive SMA. La France occupe la 26e place du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2022, alors qu’elle se situait en 34e position l’année précédente. 133 Loi n° 2021-1382 du 25 octobre 2021 relative à la régulation et à la protection de l'accès aux œuvres culturelles à l'ère numérique. 134 Le président est nommé par le Président de la République. Trois membres sont nommés par le président de l’Assemblée nationale, trois par le président du Sénat, un par le vice-président du Conseil d’État et un par le premier président de la Cour de cassation. 135 La loi sur la liberté de communication garantit l’indépendance du CSA et de ses membres. Le CSA a été créé en 1989 en tant qu’autorité administrative indépendante. Des dispositions générales sont en place pour réduire au minimum l’ingérence du secteur des médias et interdire aux membres de recevoir des instructions d’autres pouvoirs publics. Voir le rapport 2020 sur l’état de droit, chapitre consacré à la situation de l’état de droit en France, p. 8. 136 Media Pluralism Monitor 2022, France, p. 16. 137 Rapport 2021 sur l’état de droit, chapitre consacré à la situation de l’état de droit en France, p. 11. 138 Loi nº 86-1067 du 30 septembre 1986; Loi nº 2004-575 du 21 juin 2004; Loi du 29 juillet 1881. 20 directeur de publication doit tenir certaines informations à la disposition du public en permanence, y compris les informations relatives à la propriété139 . Le MPM 2022 fait état d’un risque moyen pour la transparence de la propriété des médias, signalant la complexité des structures d’actionnariat dans le secteur des médias140 et indique un degré élevé de concentration dans le paysage médiatique français141 . Au cours de la campagne électorale présidentielle, Reporters sans frontières (RSF) a adressé plusieurs recommandations aux candidats afin de renforcer la liberté des médias et a demandé la révision de la législation sur la concentration des médias142 . En novembre 2021, une commission d’enquête du Sénat a été créée pour examiner la concentration des médias en France et son impact sur la démocratie. Le rapport final de la commission du Sénat a été adopté le 31 mars 2022143 . La commission du Sénat a proposé une réécriture complète de la loi sur la liberté de communication, qui, selon elle, est devenue «obsolète», et a présenté 32 propositions. Les propositions comprenaient le renforcement des garanties en matière d’indépendance et de déontologie, la prévention des conflits d’intérêts dans les grands groupes et la limitation de la concentration verticale de la propriété des médias. Les autorisations et les licences dans le secteur des médias sont régies par la loi sur la liberté de communication. Les autorisations de télévision terrestre et de radiodiffusion sont accordées par l’autorité de régulation des médias (aujourd’hui ARCOM) à la suite d’appels d’offres et sous réserve de la conclusion d’un accord avec l’autorité de régulation des médias, à l’exception des prestataires publics nationaux, France Télévisions et Radio France. La durée des autorisations ne peut en principe excéder 10 ans, mais peut faire l’objet de prorogations et de dérogations diverses. Les services de radiodiffusion qui ne sont pas soumis à une autorisation, à savoir ceux qui sont diffusés ou distribués par l’intermédiaire d’un réseau qui n’utilise pas les fréquences attribuées par l’autorité de régulation des médias (câble, satellite, liaison numérique sur ligne d’abonné à débit asymétrique (ADSL), internet, téléphonie, etc.), doivent néanmoins conclure un contrat type ou introduire préalablement une déclaration auprès de l’autorité de régulation. Des garanties juridiques structurelles préservent l’indépendance des médias français de service public. Les médias français de service public (France Télévisions) sont régis par la loi sur la liberté de communication (loi Léotard)144 . L’État français détient la totalité du capital de France Télévisions, qui est soumise à la législation sur les sociétés anonymes. Conformément à la loi Léotard, les médias de service public doivent garantir le pluralisme et l’indépendance de l’information ainsi que la diversité des opinions, le respect des droits de l’homme et des principes démocratiques. En outre, les services de France Télévisions disposent d’une ligne éditoriale indépendante dans le cadre de la diffusion des informations télévisées145 . Le MPM 2022 considère que l’indépendance de la gouvernance des médias de service public est un domaine présentant un risque faible146 . Les organes directeurs de France Télévisions sont le conseil d’administration et ses comités, le président et le conseil 139 Un projet de loi du 8 février 2022 sur l’indépendance des médias envisage de renforcer les mesures de transparence en matière de propriété des médias dans le secteur de la presse. 140 Media Pluralism Monitor 2022, France, pp. 18 et 19. 141 Media Pluralism Monitor 2022, France, p. 19. 142 Reporters sans frontières (2022), Présidentielle 2022 : dix propositions de RSF pour la liberté et l’indépendance du journalisme. 143 Rapport final de la commission d’enquête du Sénat sur la concentration des médias en France (2022). 144 Loi nº 86-1067 du 30 septembre 1986. 145 Article 44 de la loi n° 2008-3 du 30 septembre 1986. 146 Media Pluralism Monitor 2022, France, p. 29. 21 consultatif du programme. Les procédures de nomination de la direction et des conseils d’administration des médias de service public, prévues par la loi sur la liberté de communication, sont transparentes et équilibrées. Le président est nommé pour cinq ans par l’ARCOM, à la majorité de ses membres. Cette nomination fait l’objet d’une décision motivée fondée sur des critères de compétence et d’expérience. Le conseil d’administration compte 14 membres en plus du président; cinq membres sont des personnalités indépendantes désignées par l’ARCOM pour leurs compétences, dont l’une représente les associations de protection des consommateurs. Il existe également des garanties contre les licenciements arbitraires. Le président de France Télévisions présente un rapport annuel sur la satisfaction des conditions du mandat aux commissions chargées des affaires culturelles et des finances de l’Assemblée nationale et du Sénat. L’ARCOM garantit l’indépendance et l’impartialité des médias de service public. Dans son rapport annuel d’activité, l’ARCOM doit faire état du respect par France Télévisions de ses obligations. 22 Les agressions contre les journalistes et les menaces envers leur sécurité physique persistent mais le gouvernement a pris des mesures pour renforcer leur protection. Depuis le rapport 2021 sur l’état de droit, un nombre important d’alertes ont été publiées pour la France sur la plateforme du Conseil de l’Europe visant à promouvoir la protection du journalisme et la sécurité des journalistes147 . Elles concernaient en particulier le harcèlement, l’intimidation et les atteintes à la sécurité physique et à l’intégrité des journalistes. Afin de remédier aux tensions entre la presse et les forces de police148 , à la suite du rapport présenté par la commission indépendante sur les relations entre la presse et les forces de l’ordre, un comité de liaison mensuel entre le ministère de l’intérieur et la presse a été créé en janvier 2022 afin de permettre un dialogue permanent. Parallèlement, un groupe de travail a été créé en juillet 2021, consacré à l’identification des journalistes, à des fins de sécurité, dans le cadre de manifestations publiques de rue149 . Il a réuni des représentants de journalistes et de leurs employeurs, des associations de journalistes et de la commission de la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP)150 . Une nouvelle version du schéma national du maintien de l'ordre (SNMO) a été publiée le 16 décembre 2021, qui reconnaît le rôle particulier des journalistes lors des manifestations. Elle prévoit également l’obligation de garantir leur sécurité lors des manifestations, y compris les manifestations non autorisées, voire interdites. Les infractions commises à l’encontre de journalistes lors de manifestations font l’objet de procédures judiciaires, à condition qu’elles soient détectées ou portées à la connaissance des autorités répressives151 . Le MPM 2022 fait état d’un risque moyen en ce qui concerne la protection du droit à l’information, en raison de critiques liées à l’extension du champ d’application de la loi sur la «protection des secrets d’affaires»152 . IV. AUTRES QUESTIONS INSTITUTIONNELLES EN RAPPORT AVEC L’EQUILIBRE DES POUVOIRS La France dispose d’un système de gouvernance semi-présidentiel, le président étant directement élu par le peuple et le premier ministre tenu de rendre compte devant le Parlement. Le parlement bicaméral se compose de l’Assemblée nationale et du Sénat. Les propositions législatives peuvent émaner du gouvernement ou de membres des deux chambres parlementaires. Le Conseil constitutionnel contrôle la constitutionnalité des actes législatifs, avant ou après leur adoption. L’indépendance des autorités joue un rôle important dans le système d’équilibre des pouvoirs. La pratique des consultations publiques nationales a été encore renforcée et étendue à d’autres domaines, dont le système de justice. Comme indiqué plus haut153 , les États généraux de la justice ont été conçus comme un débat démocratique structuré et ouvert. À la 147 Conseil de l’Europe, Plateforme pour renforcer la protection du journalisme et la sécurité des journalistes, France. 148 Voir les alertes signalées sur la plateforme du Conseil de l’Europe destinée à renforcer la protection du journalisme et la sécurité des journalistes – France: https://fom.coe.int/fr/alerte. 149 Les journalistes peuvent, par dérogation, circuler librement à l’intérieur des systèmes de sécurité et se positionner derrière les forces de l’ordre. Ils doivent ensuite pouvoir produire une carte de presse ou un certificat de leur employeur et se positionner de manière à ne pas être confondus avec les participants à l’attaque et à ne pas entraver l’action des forces de l’ordre. Voir contribution de la France au rapport 2022 sur l’état de droit, p. 2. 150 Contribution de la France au rapport 2022 sur l’état de droit, p. 2. 151 Contribution de la France au rapport 2022 sur l’état de droit, p. 2. 152 Le MPM signale plusieurs cas récents dans lesquels ce «paquet» a été utilisé pour restreindre l’accès aux informations jugées d’intérêt public. Media Pluralism Monitor 2022, France, p. 11. 153 Voir p. 7 ci-dessus. 23 fois le grand public et les professionnels du droit ont pu exprimer leur point de vue sur les réformes à apporter au système judiciaire. Une consultation en ligne a eu lieu au niveau national154 et 266 manifestations, telles que des débats et des conférences, ont été organisées dans tout le pays. Parallèlement, jusqu’à la fin du mois de janvier 2022, sept groupes de travail thématiques rassemblant plus de 60 professionnels de la justice et du droit (dont des magistrats, des avocats, du personnel du greffe et des professeurs d’université) ont été créés155 . Le comité indépendant chargé de rédiger le rapport final a reçu pour instruction de prendre en considération toutes les contributions recueillies dans le cadre de cet exercice pour alimenter son évaluation. En outre, une plateforme de participation citoyenne nouvellement créée156 permet au public d’avoir accès à toutes les informations relatives aux procédures de participation citoyenne non obligatoires menées par l’État et, le cas échéant, de manifester son intérêt à s’inscrire, ainsi que de consulter les contributions des citoyens et les suites qui leur sont données, et donc de mesurer l’impact de leur participation sur les politiques publiques. En 2021, trois consultations à l’échelle nationale ont été élaborées et codirigées par le ministère chargé des relations avec le Parlement et de la participation citoyenne et le Centre interministériel de la participation citoyenne (CIPC), notamment sur le thème de la discrimination et dans le cadre de la conférence sur l’avenir de l’Europe. Afin d’assurer le suivi des propositions formulées dans le cadre de cette conférence, un comité de suivi des citoyens, composé de 15 citoyens ayant participé à la consultation, a été mis sur pied157 . Les procédures accélérées pour l'adoption des textes de loi continuent d’être utilisées régulièrement, y compris pour des lois qui ont une incidence significative sur les libertés individuelles. Sur les 67 lois adoptées entre le 1er juillet 2021 et le 8 avril 2022, 45 avaient fait l’objet d’une procédure accélérée par le gouvernement158 . Comme déjà indiqué dans le rapport 2021 sur l’état de droit159 , cette procédure a été utilisée à plusieurs reprises pour les lois ayant une incidence importante sur les libertés individuelles, telles que la loi relative à la prévention d'actes de terrorisme et au renseignement160 , la loi pour la confiance dans l’institution judiciaire161 , la loi relative à la responsabilité pénale et à la sécurité intérieure162 154 Une plateforme en ligne (https://www.parlonsjustice.fr/) a été créée, qui propose un questionnaire disponible en 3 versions (adressées respectivement au grand public, aux magistrats et aux fonctionnaires du ministère de la justice, ainsi qu’aux parties prenantes partenaires), ce qui a permis à environ 40 000 personnes d’exprimer leur point de vue jusqu’au 10 décembre 2021. La plateforme comprenait également un espace de participation collective, qui a permis de recueillir 443 contributions écrites auprès de 267 organisations (y compris des associations de magistrats et des tribunaux). Les synthèses de toutes les contributions écrites ont été publiées le 27 janvier 2022 sur la plateforme en ligne dédiée. 155 Ces ateliers ont porté, entre autres, sur la simplification des procédures pénales, la simplification de la justice civile, ainsi que sur l’évolution des tâches et des statuts. Un atelier de convergence composé de citoyens, de magistrats, de fonctionnaires des ministères et de parties prenantes de la justice a eu lieu le 31 janvier 2022 afin de hiérarchiser les priorités et d’approfondir l’analyse des propositions résultant de la consultation. 156 La plateforme, conçue et exploitée par le Centre interministériel pour la participation des citoyens (CIPC), a été lancée le 29 novembre 2021 par le ministre des relations avec le Parlement et de la participation citoyenne. La CIPC dirige la coordination interministérielle afin d’alimenter la plateforme et de veiller à ce que les citoyens puissent suivre la mise en œuvre des actions résultant de leur participation. 157 Ce comité est chargé de promouvoir les propositions formulées par les citoyens français et d’en contrôler la prise en compte. Il rédigera un rapport collectif qui sera rendu public lorsque le comité exécutif de la conférence rendra ses conclusions au niveau européen. 158 Contribution écrite des autorités françaises dans le cadre de la visite en France, p. 13. 159 Rapport 2021 sur l’état de droit, chapitre consacré à la situation de l’état de droit en France, p. 14. 160 Loi n° 2021-998 du 30 juillet 2021 relative à la prévention d'actes de terrorisme et au renseignement. 161 Loi no 2021-1729 du 22 décembre 2021 pour la confiance dans l'institution judiciaire. 162 Loi n° 2022-52 du 24 janvier 2022 relative à la responsabilité pénale et à la sécurité intérieure. 24 et la loi renforçant les outils de gestion de la crise sanitaire163 . S’agissant de cette dernière, l’assemblée générale du Conseil national des barreaux a émis une résolution désapprouvant le recours à la procédure accélérée, qui empêche un véritable débat et un véritable contrôle parlementaire, pour adopter une loi portant atteinte aux libertés fondamentales, en l’absence d’un danger imminent164 . La commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH)165 a réitéré sa désapprobation quant au recours fréquent à cette procédure en dehors des situations d’urgence stricte et dans des domaines ayant une incidence directe sur les libertés publiques et les droits de l’homme, car elle restreint considérablement le débat parlementaire essentiel dans une démocratie166 . Le régime d’urgence destiné à lutter contre la pandémie de COVID-19 a été étendu, le Conseil constitutionnel définissant les limites des pouvoirs exécutif et législatif. Le régime transitoire de sortie progressive de l’état d’urgence sanitaire167 , introduit par la loi du 31 mai 2021 jusqu’au 30 septembre 2021, a été initialement prorogé jusqu’au 15 novembre 2021168 , puis jusqu’au 31 juillet 2022169 . Le Conseil constitutionnel a examiné les deux lois avant leur promulgation, les a déclarées partiellement inconstitutionnelles et a formulé des conclusions importantes concernant l’étendue du contrôle juridictionnel de ces lois. En particulier, dans sa décision170 sur la loi du 5 août 2021, le Conseil constitutionnel a rejeté l’argument selon lequel les délais impartis au Parlement pour examiner et modifier le texte étaient trop courts171 , mais il a également relevé les limites de son pouvoir constitutionnel en matière de contrôle de l’opportunité d’adopter une loi introduisant un tel régime172 . Sur le fond, le Conseil constitutionnel a souligné que l’évaluation du législateur était corroborée par les avis d’un comité scientifique conformément aux exigences de la loi et que les mesures étaient assorties de garanties suffisantes, à l’exception de certaines dispositions jugées inconstitutionnelles. En ce qui concerne la loi du 10 novembre 2021, le Conseil constitutionnel173 a validé la prolongation du régime d’urgence jusqu’au 31 juillet 2022, rappelant les principes fondamentaux imposés au législateur174 et au pouvoir exécutif175 dans 163 Loi n° 2022-46 du 22 janvier 2022 renforçant les outils de gestion de la crise sanitaire et modifiant le code de la santé publique. 164 Résolution du 14 janvier 2022. 165 La CNCDH est une institution nationale de défense des droits de l’homme qui s’est vue octroyer le statut «A» par le sous-comité de la GANHRI sur l’accréditation, conformément aux principes de Paris. 166 Contribution du REINDH au rapport 2022 sur l’état de droit, p. 252. 167 Rapport 2021 sur l’état de droit, chapitre consacré à la situation de l’état de droit en France, p. 14. 168 Loi du 5 août 2021 relative à la gestion de la crise sanitaire. 169 Loi du 10 novembre 2021 portant diverses dispositions de vigilance sanitaire, publiée au Journal officiel du 11 novembre 2021. 170 Décision nº 2021-824 DC du 5 août 2021. 171 Au point 10, le Conseil constitutionnel relève que, «en dépit de leur particulière brièveté, les délais retenus à l'Assemblée nationale puis au Sénat pour le dépôt en commission et en séance publique des amendements au projet de loi n'ont pas fait obstacle à l'exercice effectif par les membres du Parlement de leur droit d'amendement, ni privé d'effet les exigences de clarté et de sincérité du débat parlementaire». 172 Voir également le point 22 de la décision: «Il n'appartient pas au Conseil constitutionnel, qui ne dispose pas d'un pouvoir général d'appréciation et de décision de même nature que celui du Parlement, de remettre en cause l'appréciation par le législateur de l'existence d'une catastrophe sanitaire et du risque qu'elle persiste dans les deux prochains mois [...]». 173 Décision nº 2021-828 DC du 9 novembre 2021. Au point 5 de sa décision, le Conseil constitutionnel a déclaré que «[l]a Constitution n'exclut pas la possibilité pour le législateur de prévoir un régime d'état d'urgence sanitaire. Il lui appartient, dans ce cadre, d'assurer la conciliation entre cet objectif de valeur constitutionnelle et le respect des droits et libertés reconnus à tous ceux qui résident sur le territoire de la République». 175 Au point 8, le Conseil constitutionnel déclare qu’«en cas de mise en œuvre de l'état d'urgence sanitaire, les mesures susceptibles d'être prises par le pouvoir réglementaire ne peuvent l'être qu'aux seules fins de garantir 25 un tel contexte. Sur le fond, la possibilité pour les chefs d’établissement scolaires d’accéder aux données de santé des élèves et plusieurs autorisations gouvernementales d’émettre de nouvelles ordonnances ont été déclarées inconstitutionnelles. Dans son étude annuelle relative à 2021176 , consacrée à l’état d’urgence, le Conseil d’État a souligné que le recours prolongé à de tels régimes déstabilise l’équilibre institutionnel et les institutions démocratiques, et a formulé 15 propositions visant à mieux définir et organiser les états d’urgence. Au 1er janvier 2022, 25 arrêts pilotes de la Cour européenne des droits de l’homme étaient en attente d’exécution en France177 . À cette date, la proportion d’arrêts pilotes des 10 dernières années qui restaient en attente d’exécution en France était de 28 %, et les arrêts étaient en attente d’exécution depuis 2 ans et 11 mois en moyenne178 . L’arrêt pilote le plus ancien, en attente d’exécution depuis 12 ans, concerne l’inaction des autorités dans l’exécution des mesures judiciaires d’expulsion concernant des terres occupées illégalement179 . Au 1er juillet 2022, le nombre de jugements pilotes en attente d’exécution était descendu à 24180 . Des autorités indépendantes ont exprimé des inquiétudes concernant l’incidence des lois adoptées pour gérer les situations de crise sur les libertés individuelles. Dans un avis du 20 juillet 2021, le Défenseur des droits181 s’est déclaré préoccupé par l’incidence potentielle des lois relatives à la gestion de la crise sanitaire sur les libertés individuelles, et plus particulièrement par les risques de discrimination et de violation des droits de l’enfant et des règles en matière de protection des données. En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, la Commission consultative des droits de l’homme (CNCDH) a critiqué l’inclusion en droit commun de mesures préventives182 faisant partie de la loi relative à l’état d’urgence. Initialement introduites en droit commun à titre expérimental183 , ces mesures ont été rendues permanentes par la loi relative à la prévention d'actes de terrorisme et au renseignement184 . Lors d’une audition avec des députés, la CNCDH a réitéré son inquiétude à l’égard de ces la santé publique. Elles doivent être strictement proportionnées aux risques sanitaires encourus et appropriées aux circonstances de temps et de lieu. Il y est mis fin sans délai lorsqu'elles ne sont plus nécessaires. Le juge est chargé de s'assurer que ces mesures sont adaptées, nécessaires et proportionnées à la finalité qu'elles poursuivent». 176 Conseil d’État (2021), Étude annuelle 2021 intitulée «Les états d’urgence: la démocratie sous contraintes», approuvée par l’assemblée générale du Conseil d’État le 8 juillet 2021, voir annexe I. 177 L’adoption des mesures nécessaires à l’exécution des arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme est surveillée par le Comité des ministres du Conseil de l’Europe. Le Comité a pour pratique de regrouper les affaires contre un État qui nécessitent des mesures d’exécution similaires, en particulier des mesures générales, et de les examiner ensemble. La première affaire du groupe est désignée comme étant l’affaire pilote en ce qui concerne la surveillance des mesures générales et les affaires répétitives au sein du groupe peuvent être clôturées lorsqu’il est estimé que toutes les mesures individuelles possibles nécessaires pour offrir réparation au requérant ont été prises. 178 Tous les chiffres proviennent de l’European Implementation Network et sont fondés sur le nombre d’affaires considérées comme étant en attente d’exécution à la date butoir annuelle du 1er janvier 2022. Voir la contribution de l’European Implementation Network au rapport 2022 sur l’état de droit, p. 42. 179 Arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme du 21 janvier 2010, Barret et Sirjean contre France, 13829/03, en attente d’exécution depuis 2010. 180 Données provenant de la base de données en ligne du Conseil de l’Europe (HUDOC). 181 Défenseur des droits, avis du 20 juillet 2021, https://juridique.defenseurdesdroits.fr/doc_num.php?explnum_id=20864. 182 Ces mesures concernent les contrôles individuels, les mesures de surveillance et les perquisitions à domicile ordonnées par les autorités administratives. 183 Par la loi n° 2017-1510 du 30 octobre 2017 renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme. 184 Loi n° 2021-998 du 30 juillet 2021 relative à la prévention d’actes de terrorisme et au renseignement. 26 mesures, d’autant plus que leur incidence sur les droits de l’homme n’a pas encore fait l’objet d’une évaluation indépendante185 . En ce qui concerne la loi sur la sécurité globale186 , qui a suscité des préoccupations en ce qui concerne les libertés d’expression et d’information et la liberté de réunion pacifique187 , les autorités indépendantes ont souligné qu’il n’avait pas été possible d’évaluer son impact réel sur la société civile, dès lors qu’il n’y a pas eu de manifestations majeures ou d’autres événements de grande ampleur au cours desquels les mesures prévues auraient pu être mises en œuvre188 . Une enquête pénale a été ouverte sur l’utilisation de logiciels espions de surveillance ciblant en particulier des journalistes. Il a été rapporté qu’un certain nombre de journalistes et de propriétaires d’entreprises de médias français et basés en France ont été visés par Pegasus et par des logiciels espions de surveillance équivalents189 . Les 19 et 20 juillet 2021, respectivement, la société de médias Mediapart et l’ONG Reporters sans frontières (RSF) ont déposé des plaintes pénales auprès du parquet de Paris190 , qui a ouvert une enquête sur des accusations d’atteinte à la vie privée, d’interception de correspondance, d’accès frauduleux à un système informatique et d’association criminelle. La loi confortant le respect des principes de la République, qui complète le règlement sur les activités de financement des associations, est entrée en vigueur et un certain nombre de parties prenantes ont exprimé des craintes quant à son incidence potentielle sur l’espace dévolu à la société civile. En vertu de cette loi191 , les associations ou fondations sollicitant des subventions publiques doivent souscrire et respecter un «contrat d’engagement républicain»192 , sous peine de retrait des subventions allouées193 . Le respect du «contrat» devient également une condition pour qu’une association soit reconnue comme ayant une utilité publique. En outre, la loi étend la liste des motifs de dissolution des associations par décret du président de la République194 . Le Conseil constitutionnel a condamné une disposition autorisant la suspension provisoire d’une association195 . En ce qui concerne le 185 Contribution du REINDH au rapport 2022 sur l’état de droit, p. 252. 186 Loi n° 2021-646 du 25 mai 2021 pour une sécurité globale préservant les libertés. 187 Rapport 2021 sur l’état de droit, chapitre consacré à la situation de l’état de droit en France, p. 16. 188 Informations reçues du Défenseur des droits et de la Commission consultative des droits de l’homme dans le cadre de la visite en France. 189 Voir Le Figaro (2021), «Affaire Pegasus: le parquet de Paris ouvre une enquête sur l'espionnage de journalistes». 190 Le 5 août 2021, 17 journalistes de 7 pays se sont joints à la plainte de RSF. Voir Reporters sans frontières (2021), Communiqué de presse du 5 août 2021, «NSO/Pegasus: 17 journalistes de 7 pays se joignent aux plaintes déposées par RSF à l’ONU et devant la justice française». 191 Loi n° 2021-1109 du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République. 192 Ce contrat fait référence à l’engagement de respecter la laïcité et d’autres principes fondamentaux de la République, tels que l’égalité entre les hommes et les femmes, la dignité humaine et la fraternité. 193 Dans une réserve d’interprétation, le Conseil constitutionnel a jugé que la suppression de la subvention ne pouvait, sans affecter de manière disproportionnée la liberté d’association, conduire à la restitution de sommes versées pour une période antérieure à la violation du contrat républicain. 194 La loi remplace les termes «manifestations armées dans la rue» par la notion plus large d’ «agissements violents à l'encontre des personnes ou des biens». En outre, la dissolution des associations devient possible, non seulement si elles provoquent à la discrimination, à la haine ou à la violence envers un certain groupe de personnes, mais aussi si elles prennent des mesures qui contribuent à de tels actes. Enfin, les associations peuvent être tenues pour responsables des actes commis par leurs membres, agissant en cette qualité, ou des actes directement liés à leurs activités. 195 Le texte voté par le Parlement prévoyait qu’en cas d’urgence, le ministre de l’intérieur pouvait prononcer la suspension d’une association, dans l’attente de sa dissolution, pour une période maximale de trois mois, renouvelable une fois. Le Conseil constitutionnel a jugé que ces dispositions violaient la liberté 27 financement des associations, en particulier des associations à caractère religieux, la loi prévoit qu’il fera l’objet d’un suivi plus étroit196 . La loi confortant le respect des principes de la République a également modifié les conditions de création et de fonctionnement des associations religieuses, qui devront se déclarer au préfet tous les cinq ans, et a renforcé leurs obligations comptables197 . Avant l’adoption de la loi198 et après son entrée en vigueur199 , un certain nombre d’acteurs nationaux et internationaux, y compris des autorités indépendantes, ont exprimé des critiques quant à l’incidence potentielle des nouvelles dispositions sur la liberté d’association et la liberté d’expression. Plus particulièrement, la CNCDH a exprimé ses craintes selon lesquelles l’obligation de souscrire un «contrat d’engagement républicain» risque de créer un climat général de méfiance à l’égard des associations200 . Dans l’ensemble, l’espace dévolu à la société civile en France a été jugé restreint201 . De nouvelles lois ont été adoptées pour améliorer l’environnement financier dans lequel évoluent les organisations de la société civile. La loi en faveur de l’engagement associatif202 atténue la responsabilité financière des dirigeants associatifs bénévoles en cas de faute de gestion, en étendant "l’exception de négligence" prévue pour les dirigeants d’entreprises203 . Auparavant, les biens personnels de ces dirigeants bénévoles pouvaient être saisis en cas de mauvaise gestion. En outre, une loi visant à améliorer la trésorerie des associations204 permet désormais de conserver, sous certaines conditions, l’excédent non dépensé d’une subvention de plus de 23 000 EUR. La nouvelle loi prévoit également que l’autorité publique est tenue de verser la subvention dans un délai de 60 jours à compter de la date de notification de la décision d’octroi, sauf si l’administration a fixé d’autres dates de paiement ou a subordonné le paiement à la survenance d’un événement déterminé. En outre, la loi permet aux associations d’intérêt général ou reconnues d’utilité publique d’accorder des prêts à taux zéro à d’autres associations qui sont membres de la même union ou fédération d’associations. Enfin, la loi a introduit la possibilité pour la Caisse des dépôts de verser une partie des d’association, car elles permettaient de suspendre les activités d’une association dont il n’est pas encore établi qu’elles perturberaient gravement l’ordre public. Voir décision nº 2021-823 DC du 13 août 2021. 196 Les dotations de fonds, un outil de mécénat financier, feront l’objet d’un contrôle renforcé de la par des préfets. Les autorités fiscales seront en mesure de veiller à ce que seules les associations qui remplissent les conditions fixées par la loi puissent bénéficier de la générosité publique et délivrer des reçus à des fins fiscales. 197 Ces associations doivent déclarer les dons étrangers de plus de 10 000 EUR et le transfert de la propriété de lieux de culte à un État étranger, et le préfet peut s’y opposer lorsqu’un intérêt fondamental de la société est en jeu. En ce qui concerne les associations hybrides, qui sont régies par la loi générale relative aux associations et exercent une activité religieuse, leurs obligations, notamment sur le plan administratif et comptable, sont alignées sur celles des associations religieuses (certification de leurs comptes dans certains cas, comptabilité séparée pour les activités religieuses, déclaration des fonds provenant de l’étranger). Le préfet peut ordonner à une association dont l’objet est en réalité la pratique d’une religion de se déclarer en tant qu’association religieuse. 198 Rapport 2021 sur l’état de droit, chapitre consacré à la situation de l’état de droit en France, p. 17. 199 Contribution de la Civil Liberties Union for Europe au rapport 2022 sur l’état de droit, p. 178, et contribution de la Ligue des droits de l’homme, au nom du Forum civique européen, au rapport 2022 sur l’état de droit, p. 8. 200 Contribution du REINDH au rapport 2022 sur l’état de droit, p. 248. 201 Rapport 2021 sur l’état de droit, chapitre consacré à la situation de l’état de droit en France, p. 16. Voir également la classification CIVICUS, laquelle comprend cinq catégories: ouvert, rétréci, obstrué, réprimé et fermé. 202 Loi n° 2021-874 du 1er juillet 2021 en faveur de l’engagement associatif. 203 Cette exception, consacrée par le code de commerce, prévoit que la responsabilité du dirigeant de droit ou de fait au titre de l'insuffisance d'actif ne peut être engagée en cas de simple négligence dans la gestion de la société. 204 Loi 2021-875 du 1er juillet 2021 visant à améliorer la trésorerie des associations. 28 sommes provenant des comptes d’associations qui ne sont plus en activité au profit du développement de la vie associative205 . 205 La Caisse des dépôts et ses filiales forment un groupe public au service de l’intérêt général et du développement économique de la France. Elle est responsable de la protection de l’épargne populaire, du financement du logement social et de la gestion des institutions de retraite. 29 Annexe I: liste des sources par ordre alphabétique* * La liste des contributions reçues dans le cadre de la consultation préalable à l’élaboration du rapport 2022 sur l’état de droit peut être consultée à l’adresse https://ec.europa.eu/info/publications/2022-rule-law-report-targeted-stakeholder-consultation_en. Agence française anticorruption (AFA) (2021), Prévention des conflits d’intérêts dans l’entreprise (Les contrôles comptables anticorruption en entreprise) https://www.agence- francaise-anticorruption.gouv.fr/files/2021- 11/projet%20guide%20contr%C3%B4les%20comptables%20anticorruption%20en%20entreprise.pdf. 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Transparency International (2022), Indice de perception de la corruption 2021. 34 Annexe II: Mission en France Les services de la Commission ont tenu des réunions virtuelles en mars 2022 avec: France Télévisions l’Agence française anticorruption l’Agence France Presse l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM) l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales l’Union syndicale des magistrats la Commission nationale consultative des droits de l’Homme la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques la délégation des barreaux de France la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique le commissaire à l’éthique et à la déontologie de l’Assemblée nationale le Conseil d’État le Conseil de déontologie journalistique et de médiation le Conseil national des barreaux le Conseil supérieur de la magistrature le défenseur des droits le Ministère de la culture le Ministère de la justice le Parquet national financier le syndicat de la Magistrature le Syndicat national des journalistes Radio France Reporters sans frontières * La Commission a également rencontré les organisations suivantes lors de plusieurs réunions horizontales: Amnesty international Article 19 Civil Society Europe European Partnership for Democracy Free Press Unlimited Human Rights Watch ILGA Europe International Press Institute l’Observatoire des Balkans et du Caucase - Transeuropa l’Open Society European Policy Institute l’Union des libertés civiles pour l’Europe la Fédération européenne des journalistes la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) le Centre européen pour la liberté de la presse et des médias le Forum civique européen le Forum européen de la jeunesse Philea Reporters sans frontières Transparency International UE
85_EN_autre_document_travail_service_part1_v5.pdf
https://www.ft.dk/samling/20221/kommissionsforslag/kom(2022)0500/forslag/1899555/2607194.pdf
EN EN EUROPEAN COMMISSION Luxembourg, 13.7.2022 SWD(2022) 510 final COMMISSION STAFF WORKING DOCUMENT 2022 Rule of Law Report Country Chapter on the rule of law situation in France Accompanying the document Communication from the Commission to the European Parliament, the Council, the European Economic and Social Committee and the Committee of the Regions 2022 Rule of Law Report The rule of law situation in the European Union {COM(2022) 500 final} - {SWD(2022) 501 final} - {SWD(2022) 502 final} - {SWD(2022) 503 final} - {SWD(2022) 504 final} - {SWD(2022) 505 final} - {SWD(2022) 506 final} - {SWD(2022) 507 final} - {SWD(2022) 508 final} - {SWD(2022) 509 final} - {SWD(2022) 511 final} - {SWD(2022) 512 final} - {SWD(2022) 513 final} - {SWD(2022) 514 final} - {SWD(2022) 515 final} - {SWD(2022) 516 final} - {SWD(2022) 517 final} - {SWD(2022) 518 final} - {SWD(2022) 519 final} - {SWD(2022) 520 final} - {SWD(2022) 521 final} - {SWD(2022) 522 final} - {SWD(2022) 523 final} - {SWD(2022) 524 final} - {SWD(2022) 525 final} - {SWD(2022) 526 final} - {SWD(2022) 527 final} Offentligt KOM (2022) 0500 - SWD-dokument Europaudvalget 2022 1 ABSTRACT A comprehensive consultation process took place to identify further reforms needed to address potential issues affecting the French justice system. In this context, the judiciary, in particular the High Council for the Judiciary, made several calls for reforms, including on the accountability and protection of magistrates, and for an increase in human resources beyond the additional resources already allocated. The length of proceedings in the justice system increased, and the Ministry of Justice is evaluating further needs. The decision of the Minister of Justice to open administrative investigations against several magistrates for alleged violations of ethical obligations is being examined in Court. While some digital tools at the disposal of litigants and justice professionals continue being deployed successfully, the key ongoing projects to increase the digitalisation of civil and criminal justice have encountered difficulties in their implementation. As regards lawyers, the Law for trust in the justice system created new safeguards for professional secrecy, ethics and disciplinary procedures. The conviction of high-level corruption cases continues to bring tangible results despite challenges linked to the limited resources as well as structural weaknesses. The national anticorruption plan for 2020-2022 continues to be implemented. Rules on conflict of interest are in place and a new law was adopted for the protection of whistleblowers. A regulation of lobbying is in place, but significant concerns remain in relation to the application of these rules to all types of lobbying actors. Asset declarations are disclosed and regularly verified. The human resources of the National Commission on Campaign Accounts and Political Financing continues to be insufficient compared to its workload. The measures introduced in public procurement during the COVID-19 pandemic remain in place. France has a strong legal framework guaranteeing media freedom and pluralism, mainly due to safeguards stemming both from the Constitution and from legislation. A new independent authority - Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM) has been created from the merger of the Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) and the online copyright authority, the Haute autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur internet (HADOPI), with increased powers over the entire field of audiovisual and digital content. Legal and structural safeguards ensure the independence of the French public service media. The Government has taken measures to address the increasing attacks and threats against journalists during protests or demonstrations. The persisting issue of horizontal and cross-media concentration has been examined by a Senate Commission of enquiry, which suggested a substantive revision of the existing legislation to preserve freedom of information. Challenges persist regarding the transparency of complex media ownership structures. The practice of nationwide public consultations was further reinforced and extended to other fields, including the justice system. Accelerated procedures for the adoption of laws continued to be used regularly, including for laws with a significant impact on individual freedoms. The COVID-19 pandemic emergency regime has been extended until July 2022, while the Constitutional Council defined the limits of the executive and legislative powers in this context. Independent authorities issued opinions regarding the impact of laws adopted to manage crisis situations on individual freedoms. New laws have been adopted to improve the financial environment for civil society organisations. The Law on republican principles entered into force and a number of stakeholders raised concerns as regards its potential impact on the civic space. 2 RECOMMENDATIONS It is recommended to France to: Continue efforts to complete ongoing projects aimed at full digitalisation of civil and criminal court proceedings. Continue efforts to ensure adequate human resources for the justice system, including to improve its efficiency, taking into account European standards on resources for the justice system. Continue the effective investigation, prosecution and sanctioning of high-level corruption offences. Ensure that rules on lobbying activities are consistently applied to all relevant actors, including at top executive level. Enhance the transparency of media ownership, in particular regarding complex shareholding structures, building on the existing legal safeguards. 3 I. JUSTICE SYSTEM The justice system is composed of two autonomous branches of courts: ordinary courts with jurisdiction in civil and criminal cases on the one hand, and administrative courts on the other hand. Both branches consist of three levels of courts, with first instance courts, courts of appeal and an upper court (the Court of Cassation and the Council of State, respectively). The Council of State also has an advisory branch that provides opinions on draft legislation, and is tasked with the management of the administrative tribunals and courts of appeal. The High Council for the Judiciary, half of whose members are magistrates elected by their peers1 , plays an important role in safeguarding judicial independence. It nominates candidates for top judicial functions and, as regards the appointment of judges by the Minister of Justice, issues binding opinions2 . The prosecution service is part of the judiciary, and falls under the authority of the Minister of Justice3 . The latter can give general instructions on prosecution policy but is barred from giving instructions in individual cases4 . In addition, the Constitutional Council is competent to verify the constitutionality of laws. France participates in the European Public Prosecutor’s Office (EPPO). Lawyers are represented by various bar associations throughout France. Independence The level of perceived judicial independence in France continues to be average among the general public and is now high among companies. Overall, 56% of the general population and 61% of companies perceive the level of independence of courts and judges to be ‘fairly or very good’ in 20225 . According to data in the 2022 EU Justice Scoreboard, no clear trend can be identified in the evolution of the perceived level of independence since 2016. The perceived judicial independence among the general public has slightly decreased in comparison with 2021 (57%), but it is higher than in 2016 (54%). The perceived judicial independence among companies has increased in comparison with 2021 (58%), as well as with 2016 (59%). The High Council for the Judiciary called for reforms to increase the accountability and protection of magistrates. On 24 September 2021, the plenary of the High Council 1 The High Council for the Judiciary has two distinct formations. For the formation relating to judges, the High Council for the Judiciary is comprised of the President of the Court of Cassation, five judges, one public prosecutor, one member of the Council of State, one lawyer, and six other qualified members, who are not affiliated with the Parliament, the judiciary or the administrative order. An additional judge completes this formation when acting as a disciplinary council. For the formation relating to prosecutors, the High Council of the Judiciary is comprised of the General Prosecutor of the Court of Cassation, five public prosecutors, one judge, the same member of the Council of State as mentioned above, the same lawyer as mentioned above and the same six other qualified members as mentioned above. An additional prosecutor completes this formation when acting as a disciplinary council. See also in that regard Recommendation CM/Rec(2010)12 of the Committee of Ministers of the Council of Europe, para. 27 which states that ‘Not less than half the members of such councils [for the judiciary] should be judges chosen by their peers from all levels of the judiciary and with respect for pluralism inside the judiciary’. 2 Prosecutors are currently nominated by the Minister of Justice, following an advisory opinion of the Council. 3 Art. 5 of Ordinance 58-1270 of 22 December 1958. 4 Art. 1of Law 2013-669 of 25 July 2013 and Art. 30 of the Code of Criminal Procedure. 5 Figures 50 and 52, 2022 EU Justice Scoreboard. The level of perceived judicial independence is categorised as follows: very low (below 30% of respondents perceive judicial independence as fairly good and very good); low (between 30-39%), average (between 40-59%), high (between 60-75%), very high (above 75%). 4 submitted the opinion requested by the President of the Republic6 on the liability and protection of magistrates. It made 30 proposals7 around four objectives: putting ethics at the heart of the judicial function8 , promoting the detection of disciplinary misconduct9 , improving the conduct of disciplinary proceedings and the scale of sanctions10 , and strengthening the personal and functional protection of magistrates11 . Some proposals reiterate the need to adopt constitutional reforms initiated several times in the past but without success12 . The proposed constitutional amendments would notably transfer the power to decide on disciplinary matters regarding prosecutors from the Minister of Justice to the High Council and align the conditions for the appointment of prosecutors with those applicable to judges, thus making the opinion of the High Council binding on the Minister of Justice13 . On this aspect, the opinion of the High Council for the Judiciary converges with 6 The President of the Republic had requested the opinion on 17 February 2021 in his role as guarantor of the independence of the judiciary under Art. 65 of the Constitution. See 2021 Rule of Law Report, Country Chapter on the rule of law situation in France, pp. 3-4. 7 High Council for the Judiciary, Opinion of 24 September 2021 on the accountability and protection of magistrates. See Annex I. 8 To increase accountability, the opinion of the High Council proposes to remedy the lack of evaluation of senior magistrates, to create a regime preventing risks of conflicts of interest, and to grant the committee of admission of individual disciplinary applications the power to recall magistrates to their ethical obligations in case of objectionable conducts that do not qualify as disciplinary offences. The High Council also recommends the inclusion of a specific section on ethics in the evaluation grid of magistrates, which would entail a dedicated dialogue during the interview between the magistrate and his head of court. 9 The High Council calls for a more formalised dialogue between the court presidents and the Directorate of Judicial Services of the Ministry of Justice, in order to prevent uncoordinated decisions undermining disciplinary proceedings. It also recommends allowing court presidents to refer matters directly to the Inspectorate-General of Justice for the purpose of initiating an administrative inquiry, whereas this competence currently lies only with the Minister of Justice. To address the inefficiencies of the individual complaints mechanism, it is proposed to endow the admissibility committee with investigative powers to take the most informed decision possible. 10 To this aim, it is suggested to clarify the definition of disciplinary misconducts, broadly defined in Article 43 of Ordinance No. 58-1270 of 22 December 1958 on the organic law relating to the status of the judiciary, to explicitly mention a list of essential duties such as independence, impartiality, integrity, probity and loyalty. The High Council also recommends making the administrative investigation which may be brought by the Minister of Justice prior to disciplinary proceedings more transparent and limited in time, as the length of disciplinary proceedings creates uncertainty for the magistrates concerned. Finally, it is proposed to reform and complement the scale of sanctions to better fit the various shortcomings targeted, notably by including penalties prohibiting certain appointments, temporary exclusion from any office or temporary removal from judicial functions. 11 As a priority, the High Council proposes to allow any magistrate seize it in case of breach of his or her independence, and to empower the Council to act of its own motion in such a case, in order to issue a recommendation to put an end to the violation. This recommendation would be made public and even published in the Official Journal in the most serious cases. This proposal echoes Recommendation CM/Rec (2010)12 of the Committee of Ministers of the Council of Europe of 17 November 2010, which provides: ‘where judges consider that their independence is threatened, they should be able to have recourse to a council for the judiciary or another independent authority […]’. It is also proposed to introduce a 15-day deadline for the Minister of Justice to decide on a request for functional protection presented by a magistrate. A tacit refusal could be challenged before an administrative court, which could order to grant the requested protection. The Ministry of Justice would moreover be entrusted with taking all necessary steps to remove offensive and/or illegal publications on social media, including at the request of the magistrate concerned or a court president. 12 2021 Rule of Law Report, Country Chapter on the rule of law situation in France, p. 3. 13 In practice, the Minister of Justice always follows the non-binding opinion of the High Council on the appointment of prosecutors, but there is no obligation to do so under positive law. 5 recommendations from the Group of States against Corruption (GRECO)14 and recent proposals by the National Conference of Prosecutors, which called for a reform of the statute of prosecutors to increase their independence15 . In a decision of 14 September 2021, the Constitutional Council declared constitutional the provisions allowing general prosecutors to communicate specific reports relating to ongoing legal proceedings to the Minister of Justice, as the latter may not issue any instruction to public prosecutors in individual cases even when he or she requests or receives such specific reports16 . In 202017 , the Minister of Justice decided, on the recommendation of his administration, to order administrative investigations18 against several magistrates for alleged breaches of ethical obligations19 , and this decision is currently being examined by the Court of Justice of the Republic (CJR). Three magistrates’ associations had filed a complaint against the Minister of Justice, alleging a conflict of interest related to his previous professional activity as a lawyer. The Minister of Justice transferred to the Prime Minister the competence to act in cases in which he was previously involved as a lawyer20 . On 16 July 2021, following a hearing, the CJR21 indicted the Minister of Justice for illegal taking of interest. The Minister of Justice was heard before the CJR and exercised his right to remain silent, as he considered that the investigation methods were not impartial22 . The case is still pending23 . The General 14 GRECO noted with concern the absence of progress on the constitutional reform that would have addressed its recommendation to align the appointment rules and disciplinary procedure for prosecutors with those applicable for judges. It highlighted the paramount importance of this matter and invited the French authorities to accelerate the procedure and give effect to this recommendation as soon as possible. See GRECO Fourth Evaluation Round - Addendum to the Second Compliance Report, pp. 10-11. 15 In the first of its ten proposals for the future of criminal justice, adopted in November 2021, the National Conference of Prosecutors highlights the need for stronger safeguards as regards the appointment of prosecutors, by transferring this competence to the High Council of the Judiciary, to guarantee their independence. 16 Decision No. 2021-927 QPC of 14 September 2021. The Constitutional Council considered that the contested provisions ensure an adequate balance between the principle of judicial independence and the competence of the Minister of Justice to determine the policy on criminal matters, for which he must have access to reliable and complete information on the functioning of justice. 17 2021 Rule of Law Report, Country Chapter on the rule of law situation in France, p. 3. 18 According to the case law of the Council of State, the opening of an administrative enquiry, which is a preliminary step to disciplinary proceedings, is a decision with no negative impact on its addressee. 19 Whilst the General Inspection of Justice concluded that the magistrates concerned had acted in accordance with the law, the Prime Minister, to whom the Minister of Justice reattributed the cases, seized, on the basis of the administrative investigation, the High Council for the Judiciary to assess whether the magistrates concerned had violated their duties. See press releases of the French Government of 17 April 2021 and 15 September 2021. 20 2021 Rule of Law Report, Country Chapter on the rule of law situation in France, p. 3. 21 This special court, composed of six members of the Senate, six members of the National Assembly and three judges of the Court of Cassation, is competent to hear criminal cases relating to acts of members of the Government in the exercise of their functions. A constitutional reform tabled in Parliament on 29 August 2019, which was not adopted, envisaged to abolish the CJR and to transfer its competence to the Paris Court of Appeal. See 2021 Rule of Law Report, Country Chapter on the rule of law situation in France, p. 3. 22 The Minister issued the following statement: https://www.lopinion.fr/politique/dupond-moretti-a-la-cour-de- justice-de-la-republique-tout-demontre-votre-determination-a-me-salir. In a press release of 4 March 2022, the first President of the Court of Cassation regretted this statement, considering that it questioned the ethics of the investigating magistrates, and contributed to weakening the judicial authority. 23 On 10 May 2022, the General Prosecutor requested to initiate the trial phase against the Minister of Justice. The investigation commission of the CJR will have to decide on whether to open the trial phase. 6 Prosecutor decided not to refer to the CJR a third complaint lodged by a magistrates’ trade union regarding an investigation into the management of a Court of Appeal24 . A Law for trust in the justice system introduced new safeguards for professional secrecy, ethics and disciplinary procedures concerning lawyers. The new law25 adopted in December 2021 supplements the Code of Criminal Procedure by reaffirming the protection of professional secrecy both for defence and counsel activities. In particular, a judge can order a search of premises of a law firm or of a lawyer’s residence on the condition that there is a reasonable ground to suspect that the lawyer has committed or attempted to commit the offence which is the subject of the proceedings26 . Furthermore, the magistrate carrying out the search must ensure that the investigation does not interfere with the free exercise of the profession of lawyer and that no document pertaining to the exercise of the rights of the defence and covered by the obligation of professional secrecy is seized. The most important proposals made by the National Council of Bars, and particularly the wish to extend the provisions on professional secrecy to the counsel activities of lawyers27 , were included in the final version of the law. This is also in line with the preoccupations of lawyers at European level on the protection of professional secrecy. As regards disciplinary procedures, the new provisions offer more guarantees to the parties involved and leave more room for conciliation. The Disciplinary Board becomes a court, chaired by a judge in some cases28 . With regard to claims brought by individuals, where the nature of the complaint so permits, a conciliation procedure may be organised between the parties, with the participation of at least one lawyer29 . To prevent disciplinary offences, Article 42 of the law foresees the creation of a code of ethics for lawyers prepared by the National Council of Bars, thus maintaining the self-regulation of the profession as regards ethical duties. Quality The Court of Audit highlighted difficulties in the implementation of key projects to increase the digitalisation of civil and criminal justice. Despite efforts to improve digitalisation of the justice system and some progress already made, room for improvement remains regarding the use of digital tools both within courts and the prosecution service30 and in electronic communication with users31 . In a report32 , presented to the Senate on 26 January 2022, and based on an assessment of the situation in spring 2021, the Court of Audit describes the delays and strategic issues encountered in the implementation of the plan to 24 The investigation was ordered by the Prime Minister, to whom the Minister of Justice had re-assigned the cases. The Prosecutor General concluded there was no sufficient evidence in support of the conflict of interests alleged in the complaint to refer it to the CJR. 25 Law n. 2021-1729 of 22 December 2021 for trust in the justice system. 26 The search warrant may be appealed with suspensive effect within 24 hours by the Public Prosecutor, the lawyer or the representative of the Bar. 27 Resolution of the General Assembly of the National Council of Bars of 17 September 2021. 28 It will be so where disciplinary proceedings follow a complaint lodged by a third party or at the request of the lawyer. The recusal or removal of a member of the disciplinary court may be requested. Similarly, appeals against decisions of Regional Disciplinary Councils will be heard by the courts of appeal, with a panel composed of three judges and two members of the Bar Council. 29 If conciliation fails, the complainant is informed without delay of the possibility of referring his complaint to the Prosecutor General at the Court of Appeal or of bringing the matter directly before a disciplinary court. 30 Figure 43, 2022 EU Justice Scoreboard. 31 Figures 42, 44, 45, 46, and 47, 2022 EU Justice Scoreboard. 32 Court of Audit, Communication to the Finance Committee of the Senate, ‘Improving the functioning of justice – stage point of the digital transformation plan of the Ministry of Justice’. 7 digitalise justice initiated in 2018 and makes a number of recommendations to make it more effective. The Court of Audit assesses that, at this stage, one year before the end of its implementation, the digital transformation plan started in 2018 brought mixed results and that not all objectives will be achieved33 . In particular, the Court of Audit noted that the key projects for digitalisation of justice, namely the Procédure pénale numérique (digital criminal procedure), Cassiopée, which is central to the digital treatment of criminal procedures, and Portalis, an ambitious project to digitalise all stages of the civil procedure34 , have accumulated delays and budget overruns. The Court of Audit suggests improving the governance of structuring projects35 to avoid delays in their implementation. The Ministry of Justice endorsed in large part the findings of the report36 and has already taken some measures to improve the governance of projects, for instance by systematising cost-benefit analyses. Since the analysis of the Court of Audit, other improvements have been made as regards the digital criminal procedure, for instance by relieving court officials of burdensome registration tasks and by allowing for digital communication with lawyers37 . However, further steps remain to be taken to follow up on the Court of Audit’s recommendations, in particular to centralise the overall monitoring of projects by reducing outsourcing, in particular project management functions, in order to retain control over the development of information systems. Digital tools at the disposal of litigants and justice professionals continue being deployed successfully. As mentioned in the 2021 Rule of Law Report38 , the deployment in legal aid offices of the Legal Aid Information System (SIAJ), which allows individuals to make a paperless application for legal aid, started in two pilot courts from March to October 2021 and is advancing at a steady pace. At the end of 2021, 30% of the courts were equipped, and it is planned that 90% of the courts will have the system implemented by mid-2022. It was reported that, in courts where SIAJ was already implemented, the time needed to process the legal aid application was on average reduced by two thirds39 . As regards the online accessibility of court decisions, all judgments delivered publicly by the Court of Cassation, the Council of State, all administrative courts of first instance and appeal, as well as the courts of appeal for civil, commercial and social litigation are now accessible through open data40 . Room for improvement still remains as regards the publication of other court 33 One of the impediments described for the timely implementation of the plan was the emergence of new needs in the area of information systems security. Similarly, several reforms adopted in the meantime had a strong impact on implementation of the plan, as they were adopted taking insufficient account of the Ministry of Justice’s capacity to set up or adapt the information systems needed to implement them. According to the Court of Audit, this has led to delays between the date of entry into force of certain provisions and the introduction of the digital tools needed to manage them. 34 2021 Rule of Law Report, Country Chapter on the rule of law situation in France, pp. 4-5. 35 The recommendations included entrusting the operational responsibility for each of them to a single project manager mastering all parameters, in particular the budget, and involving end users in the various information systems steering bodies. 36 Written contribution from the Ministry of Justice in the context of the country visit to France. 37 Information received from the Ministry of Justice in the context of the country visit to France. 38 2021 Rule of Law Report, Country Chapter on the rule of law situation in France, p. 5. 39 Information received from the Ministry of Justice in the context of the country visit to France. 40 Art. 33 of Law of 23 March 2019 on programming 2018-2022 and reform for justice and Decree n 2020-797 of 29 June 2020, relating to the public availability of the decisions of the judicial and administrative jurisdictions, gave the Conseil d’État and the Cour de cassation the responsibility to ensure this availability. According to an Order of 28 April 2021, the online availability is scheduled to be ensured as follows: Council of State and Court of Cassation in September 2021; Administrative courts of appeal on March 2022; courts of appeal in civil, social and commercial matters in April 2022; administrative courts of first instance 8 judgments, particularly from lower court instances41 , and work is ongoing on the adaptation of the pseudonymisation artificial intelligence engine, for the publication of judgements of courts of first instance in commercial, civil and labour matters as well as for criminal proceedings. The resources allocated to the justice system have been increased for the second year, and magistrates have called for further efforts to continue ensuring the quality of justice. In 2020, the expenditure for the justice system was relatively low, in comparative terms, despite an increase compared to 201942 . In 2022, the budget dedicated to the justice system was further increased by 3.4% as compared with 2021, thus reaching EUR 3 849 million. The budget allocated to legal aid also grew from EUR 585 million in 2021 to EUR 615.2 million in 2022. In addition, 1 414 of the short-term contractual positions created in 2021, including assistant lawyers working under magistrates, will be made permanent43 . However, the High Council for the Judiciary highlighted that the budget allocated by France to the justice system and the number of magistrates per inhabitant remains substantially lower than that of other European countries with a comparable GDP and called for additional regulatory safeguards to further stabilise the annual budget allocated to justice44 . The High Council also recommends reforming the status and the missions of the team assisting the magistrates, which would allow judges and prosecutors to focus more on their judicial functions and therefore contribute to the quality of justice45 . In an open letter published in a national newspaper, a large number of magistrates described the worsening working conditions in many courts, in particular because of the insufficient human resources and the comparatively excessive workload, forcing them to sacrifice quality for the sake of expediency46 . A comprehensive consultation on the justice system took place to identify relevant issues and reforms needed to address them. On 18 October 2021, the President of the Republic opened the Estates General of Justice47 . The first president and the attorney general of the Court of Cassation had previously expressed concerns about a ’systematic questioning of in June 2022; labour courts, commercial courts, courts of first instance in civil matters and in all criminal proceedings between 2023 and 2025. 41 Figures 48 and 49, 2022 EU Justice Scoreboard. 42 In 2020, the General government total expenditure on law courts as a percentage of GDP was sixth lowest in the EU (data from Eurostat). Figure 35, 2022 EU Justice Scoreboard. 43 Written contribution from the French authorities in the context of the country visit to France, pp. 5-6. The overall budget for justice, which includes the budget allocated to other items than the justice system, such as prisons, increased by 8% since 2021. 44 Written contribution of the High Council for the Judiciary for the Estates General of Justice, 31 January 2021, pp. 27-29. 45 The CSM recommends increasing the stability and professionalism of the magistrates’ assistants, by harmonising their status and entrusting their training to the National Institute for the Magistracy. Magistrates would also be closely associated in their recruitment and appraisal. See written contribution of the High Council for the Judiciary for the Estates General of Justice, 31 January 2021, pp. 30-32. 46 The open letter, published in newspaper Le Monde, was originally signed by 3 000 magistrates and around 100 registrars, and was later endorsed by more than 5 500 magistrates. Following its publication, the Minister of Justice met a group of various magistrates and committed to maintaining this direct dialogue. 47 This nation-wide consultation directed both at the general public and justice professionals is directed by an independent committee entrusted with drafting a final report summarizing the relevant conclusions. The consultation process is described in more detail in section four below. 9 justice’48 . This nationwide consultation, associating law professionals and the general public, is aimed at taking stock of the situation of justice and formulating concrete proposals to remedy any outstanding issues49 . An online consultation took place and several conferences were organised. A final report was drafted by an independent committee, on the basis of the numerous contributions received and will be presented by the President of the Republic50 . The Law for trust in the justice system reinforces the provisions for voluntary mediation as an alternative to court proceedings. Article 45 of that law51 establishes a National Mediation Council52 whose main missions are to issue opinions and recommendations to the public authorities in the field of mediation, draft a compendium of ethics applicable to mediation, design national frameworks for the training of mediators, and make proposals on the conditions for the registration of mediators. The law also makes more effective the contracts establishing an agreement resulting from mediation, conciliation and participatory procedures in providing that, where they are countersigned by lawyers and authenticated by the registry of the competent court, transactions and other agreements reached during mediation, conciliation or participatory procedures become enforceable instruments. Promotion and incentives for using Alternative-Dispute Resolution methods are relatively developed, in comparative terms, but room for improvement remains53 . Efficiency The length of court proceedings in civil, commercial and administrative cases, measured in disposition time, increased sharply over the last year, with the exception of administrative cases, where the situation remained stable54 . In particular, the estimated time needed to resolve litigious civil and commercial cases at first instance increased from 432 days in 2019 to 637 days in 2020, one of the highest values in the EU55 . The number of pending court cases increased slightly but remained stable overall56 . The clearance rate, showing how the court system deals with caseload, decreased considerably, in particular for litigious civil and commercial cases, where it diminished from close to 100% to below 93%57 . As mentioned above, several judicial institutions have pointed to a need to recruit additional staff within the justice system, more particularly within courts58 and prosecution services59 , to 48 In particular, during a demonstration that took place on 19 May 2021 in front of the Parliament gathering law enforcement officers as well as some members of Parliament, the justice system was criticised for its alleged slowness and laxity, which was perceived by the judiciary as an attack on judicial independence. 49 Press release of the Presidency of the Republic of 18 October 2021. 50 See also Pillar IV below on the consultation process. 51 Law n. 2021-1729 of 22 December 2021 for trust in the justice system. 52 The National Mediation Council will be composed of qualified persons and representatives of associations involved in mediation, administrations, courts and the legal professions. 53 Figure 29, 2022 EU Justice Scoreboard. 54 Figures 6-10, 2022 EU Justice Scoreboard. 55 Figure 7, 2022 EU Justice Scoreboard. 56 Figures 14-16, 2022 EU Justice Scoreboard. 57 Figures 11-13, 2022 EU Justice Scoreboard. 58 Written contribution of the High Council for the Judiciary for the Estates General of Justice, 31 January 2021, pp. 29-33. 59 In the second of its ten proposals for the future of criminal justice, adopted in November 2021, the National Conference of Prosecutors highlights that, as evaluated by the European Commission for the Efficiency of Justice (CEPEJ), the number of prosecutors per inhabitant in France is among the lowest in Europe, at 3 for 100 000 inhabitants, with a high caseload and number of competences. 10 be able to deal effectively and sustainably with the caseload60 . To this end, the Ministry of Justice is currently developing a measuring tool to evaluate precisely the mid and long-term recruitment needs61 . Moreover, 1914 contractual agents have been recruited to deal with the backlog of pending cases. The Ministry of Justice has reported that, from 2021 onwards, a significant decrease in the number of pending cases was recorded. In parallel, the National Conference of Presidents of Judicial Courts has developed and made public its own measuring tool designed to assess precisely the workload of judges by taking into account all their current attributions and missions62 . From the first evaluation carried out by two thirds of courts on this basis, it is argued that 1 500 additional first instance judges would be necessary to deal sustainably with the current workload, and the measuring tool developed by the Ministry of Justice would allow to refine this assessment63 . II. ANTI-CORRUPTION FRAMEWORK Authorities involved in the fight against corruption include the French Anti-Corruption Agency (AFA, which prepares the multiannual anti-corruption plan and supports private and public legal persons on how to prevent and detect corruption), the High Authority for the Transparency of Public life (responsible for ensuring the integrity of public officials), and the Central Office for Combating Corruption and Tax Offences (a specialised police service for the investigation of economic crimes, including corruption and money laundering). The National Financial Prosecutor is competent for the investigation of high-level corruption cases. The perception of public sector corruption among experts and business executives is that the level of corruption in the public sector is relatively low. In the 2021 Corruption Perceptions Index by Transparency International, France scores 71/100 and ranks 8th in the European Union and 22nd globally64 . This perception has been relatively stable over the past five years65 . The 2022 Special Eurobarometer on Corruption shows that 64% of respondents 60 Paras. 33 and 35 of Recommendation CM/Rec(2010)12 of the Committee of Ministers of the Council of Europe, state that ‘[e]ach state should allocate adequate resources, facilities and equipment to the courts to enable them to function in accordance with the standards laid down in Article 6 of the Convention and to enable judges to work efficiently’ and that ‘[a] sufficient number of judges and appropriately qualified support staff should be allocated to the courts’. 61 Since 2019, the Ministry of Justice has been carrying out work aimed at better evaluating the activity of the courts in order to calculate the resulting need for the number of public prosecutors, by equipping itself with a national management tool based on a court case weighting system. This project is led by the Directorate of Judicial Services with the support of the General Inspectorate of Justice, in close consultation with the trade unions and public prosecutors. The objective is to assess precisely the workload implied by a case, by associating it with an average time necessary for its processing. See written contribution from the French authorities in the context of the country visit to France, pp. 4-5. 62 This tool for managing the human resources of all courts (except the Paris Tribunal, which has its own assessment methods due to its specificities), requested on numerous occasions by the Court of Audit, will be reviewed annually. It is supplemented by a projection table of the needs for magistrates in each court. See National Conference of Presidents of Judicial Courts, press release of 16 February 2022. 63 National Conference of Presidents of Judicial Courts, press release of 16 February 2022. 64 Transparency International (2022), Corruption Perceptions Index 2021, pp. 2-3. The level of perceived corruption is categorised as follows: low (the perception among experts and business executives of public sector corruption scores above 79); relatively low (scores between 79-60), relatively high (scores between 59-50), high (scores below 50). 65 In 2017 the score was 70, while in 2021 the score is 71. The score significantly increases/decreases when it changes more than five points; improves/deteriorates (changes between 4-5 points); is relatively stable (changes from 1-3 points) in the last five years. 11 consider corruption as widespread in their country (EU average 68%) and 7% of respondents feel personally affected by corruption in their daily lives (EU average 24%)66 . As regards businesses, 50% of companies consider that corruption is widespread (EU average 63%) and 31% consider that corruption is a problem when doing business (EU average 34%)67 . Furthermore, 23% of respondents find that there are enough successful prosecutions to deter people from corrupt practices (EU average 34%)68 , while 37% of companies believe that people and businesses caught for bribing a senior official are appropriately punished (EU average 29%)69 . The national anti-corruption plan for 2020-2022 continues to be implemented. The anti- corruption plan70 sets eight objectives that include the prevention of corruption in the organisation of two major international sport events, whose preparation is underway71 . The report on the final implementation of the anti-corruption plan is expected to be prepared by the Anti-Corruption Agency by the end of 2022, concurrently with the preparation of the next national anti-corruption plan (post-2022)72 . Legislative steps have been taken to improve the legal anti-corruption framework73 . Following the recommendations indicated through the report delivered in July 2021 by the Law Commission of the Parliament74 , a new draft anti-corruption law was tabled in Parliament in October 2021, with both preventive and repressive provisions, notably on 66 Special Eurobarometer 523 on Corruption (2022). The Eurobarometer data on citizens’ corruption perception and experience is updated every second year. The previous data set is the Special Eurobarometer 502 (2020). 67 Flash Eurobarometer 507 on Businesses’ attitudes towards corruption in the EU (2022). The Eurobarometer data on business attitudes towards corruption as is updated every second year. The previous data set is the Flash Eurobarometer 482 (2019). 68 Special Eurobarometer 523 on Corruption (2022). 69 Flash Eurobarometer 507 on Businesses’ attitudes towards corruption in the EU (2022). 70 The plan focuses on the following actions: i) optimising data analysis to improve understanding and detection of corruption; ii) training and awareness-raising for public employees; iii-a) supporting ministries to establish anti-corruption programmes; iii-b) support major municipalities and their establishments to establish anti-corruption programmes; iii-c) promoting integrity in sports organisations and events; iii-d) supporting businesses in implementing the French anti-corruption framework and encouraging them to make anti-corruption compliance a means of boosting their competitiveness; iii-e) enhancing corruption penalties; and iv) enhancing France’s international action. 2021 Rule of Law Report, Country Chapter on the rule of law situation in France, p. 7. 71 The Rugby World Cup in 2023 and the Paris Olympic and Paralympic Games in 2024. 2021 Rule of Law Report, Country Chapter on the rule of law situation in France, p. 7. Input from France for the 2022 Rule of Law Report, p. 9. 72 There are ongoing discussions between an inter-ministerial committee (led by the French Anti-Corruption Agency, AFA) and some stakeholders (including NGOs) on the actions to be included in the next national anticorruption plan. Information received in the context of the country visit to France from the AFA. 73 Laws (including the Law 2016-1691 of 9 December 2016, on transparency, the fight against corruption and the modernisation of economic life, known as ‘Sapin II’) are in place in France to prevent and fight corruption in the private and public sector, including whistle-blowers protection, assets declaration, lobbying and ‘revolving doors’. 2020 Rule of Law Report, Country Chapter on the rule of law situation in France, pp. 5-8. 74 National Assembly, Law Commission, Information Report No. 4325, 7 July 2021, concluding the work of an information mission evaluating the impact of the Sapin 2 Act, presented by Mr Raphaël Gauvain and Mr Olivier Marleix, Rapporteurs, Deputies. 12 combating corruption, breach of integrity, negotiated settlements, and a register for lobbying75 . The conviction of high-level corruption cases continues to bring tangible results despite challenges linked to the limited resources as well as structural weaknesses. The Central Office for Combating Corruption and Tax Offences (OCLCIFF)76 remains responsible for investigation of high-level corruption cases. The staff available to the office (78 officers) compared to the workload (250 ongoing cases) is a point of concern77 . The National Financial Prosecutor’s Office (PNF) issued forty convictions in 2021, approved 12 individual appearances on prior admission of guilt (CRPC)78 , and concluded three judicial agreements of public interest (CJIPs) (for a combined amount of fines of nearly EUR 45 million), plus two other criminal compositions79 . In the same year, the PNF recovered a total of EUR 173.1 million80 . In August 2021, the Government adopted a simplification of the public interest judicial agreements81 . Following a ministerial instruction to this end, the number of information feedbacks82 decreased (from 3 834 in 2021, to 1 854 as of April 2022)83 . Despite the fact that in 2021 the workforce of the PNF grew from 17 to the current 18 magistrates84 , the recommendation of the GRECO on the PNF workforce needs to be further addressed85 . 75 The bill nº 4586 for strengthening the fight against corruption. The proposed text confirms the role of the French Anti-Corruption Agency (AFA) in terms of administrative coordination and strategic programming, and transfers to the High Authority for the Transparency of Public Life (HATVP) the functions of advice and control of public actors currently completed by the Agency. The AFA would thus remain competent in matters of advice and control of economic actors. It also aims to improve the use and functioning of the judicial convention of public interest (CJIP). Finally, the draft text increases the obligations for both lobbyists and public decision-makers. 76 OCLCIFF is a specialised police service for the investigation of economic crimes, including corruption and money laundering. 2021 Rule of Law Report, Country Chapter on the rule of law situation in France, p.7. 77 Information received from the Central Office for Combating Corruption and Tax Offences (OCLCIFF) in the context of the country visit to France. 78 Comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) is a court hearing upon pre-trial guilty plea. CRPCs require companies and individuals to plead guilty in exchange for terminating a prosecution. 2021 National Financial Prosecutor’s Office (PNF) annual report. 79 The penal composition is a measure taken by the public prosecutor or his representative within the framework of alternative measures to prosecution, similar to a plea bargain. Input from France for the 2022 Rule of Law Report, pp.17-18. 80 Since 2014, through a total of 17 CJIPs a total of EUR 10 178 billion were recuperated (including 9 concluded by the PNF, worth approximately EUR 2 billion). Input from France for the 2022 Rule of Law Report, p. 18. 81 In order to contain corruption, several countries have developed more appropriate legal procedures, in particular plea-bargaining arrangements between the national prosecution authority and a company. In France, article 22 of Law no 2016-1691 of 9 December 2016 on ‘transparency, combatting corruption and modernization of economic life’ (commonly called ‘Sapin II Law’) introduced into French criminal law a new transactional procedure instrument, the Judicial Public Interest Agreement (‘convention judiciaire d'intérêt public’, CJIP). Decree No. 2021-1045 of August 4, 2021 adapting and simplifying the procedure applicable to the judicial agreement in the public interest and relating to the assignment of specialised assistants. 82 The remontée d’information is a practice to deliver information feedback to the Ministry of Justice on specific cases followed by prosecutors. 83 The information feedback is done after the conclusion of the case, in a sanitized manner, for informative and statistical purposes only. Information received in the context of the country visit to France from the National Financial Prosecutor. 84 The staff is expected to reach 19 officers at the end of September 2022. Information received from the National Financial Prosecutor in the context of the country visit to France. 85 GRECO recommended that the National Financial Prosecution Office be provided with additional resources, specifically in terms of staff. GRECO Fifth Evaluation Round - Compliance Report, p. 13. 13 Structural challenges affecting the criminal process of foreign bribery, including the operations of the PNF and of the French Anti-Corruption Agency (AFA) have to be addressed86 . The bill adopted by the Parliament in November 202187 , has raised some criticism related to the effective investigation of foreign bribery88 . Similarly, the legislative framework on the criminalisation of corporate liability associated to foreign bribery shows some deficiencies89 . The Anti-Corruption Agency continues to issue integrity guidelines for entities in both the private and public sectors. In 2021, the Anti-Corruption Agency continued to issue a series of subject-specific guidelines90 , including in the private sector91 , developed an awareness exercise on anti-corruption obligations92 , signed institutional memoranda of understanding93 , and delivered training to different stakeholders from the public and private sectors. Despite the decrease of personnel in 2021, the Agency considers the human resources available as sufficient overall94 . Turnover, due to rotation of seconded positions, declined. The integrity of public officials continues to be monitored by the High Authority for the Transparency of Public Life (HATVP). The HATVP continues advising on the integrity 86 Structural resource problems affect all stages of the criminal justice process. In particular, the limitation of the duration of preliminary investigations to two or three years (adopted by Parliament on 18 November 2021) or the proposed overhaul of the AFA and its remit (a Bill was introduced on 21 October 2021), constitute a serious cause for concern about furthering recent progress and represent as many risks of calling these into question. The Implementing the OECD Anti-Bribery Convention, Phase 4 Report, France, adopted in December 2021, indicates, at page 55, that in the opinion of the investigative judges, the creation of the PNF and the increase in the number of economic cases have not been accompanied by an increase in the resources allocated to the competent investigative judges. Additionally, the same OECD report indicates that “The limitation of the duration of preliminary investigations to two or three years (…) could result in the further transfer of a significant number of economic and financial cases to investigative judges, and thus further exacerbate this situation”. 87 Bill on ‘confidence in the judiciary’, adopted by Parliament on 18 November 2021. The bill introduced a statutory limitation regime for preliminary investigations of foreign bribery and related offences (such as concealment or money laundering). 88 It ‘appears to disregard the complex, multidimensional nature of foreign bribery investigations as well as the lack of resources for fighting white-collar crime in France’, Implementing the OECD Anti-Bribery Convention, Phase 4 Report, France, adopted in October 2021, p. 71. 89 ‘Major difficulties remain, in particular in relation to the need to establish that the acts were committed by the corporate body or representative’. Implementing the OECD Anti-Bribery Convention, Phase 4 Report, France, adopted in December 2021. 90 Among others: Implementation of a corruption risk prevention system in the building and public works sector (February 2022); Practical guide for Associations and Foundations recognised as being of public utility (January 2022); Control the risk of impact of probity within associations and recognised foundations of public utility (January 2022); Prevention of conflicts of interest in the company (November 2021). 91 Two practical guides for operators in the Ministry of Sport and sports federations were developed and are expected to be published in the course of 2022. Input from France for the 2022 Rule of Law Report, p. 13. Concerning the private sector, two corporations based in France were sanctioned in early 2022 for corruptive practices in the context of international public procurement. See World Bank (2022), Press release, World Bank Group Debars ADP International S.A., and World Bank (2022), Press release, World Bank Group sanctions Bouygues Bâtiment International. 92 ‘In Search of Integrity’, the serious corruption prevention awareness game, https://www.agence-francaise- anticorruption.gouv.fr/fr/decouvrez-en-quete-dintegrite-jeu-serieux-sensibilisation-prevention-corruption. 93 On February 2022, the Inter-ministerial Commission for the Coordination of Controls (CICC) and the French Anti-Corruption Agency signed a cooperation protocol relating to the implementation of the Recovery and Resilience Facility, the European component of the plan stimulus. 94 As the experience and reputation of the Agency grows, it is easier to attract qualified new officers. Information received from AFA in the context of the country visit to France. 14 rules for public officials, including those on asset disclosure95 . In 2021, from the 15 574 declarations of asset and interests received, it only examined 3 150 declarations, and transmitted 11 files to the Public Prosecutor Office for further analyses of possible crimes96 . For the same year, the HATVP assessed around 19 000 reports on “revolving doors” (e.g. movement of professionals between the private and public sectors)97 . While controls on the funds of politicians and political parties continue, a significant number of concerns remain as regard the application of rules on lobbying for all relevant actors, including at top executive level. In 2021, the National Commission on Campaign Accounts and Political Financing (CNCCFP) examined in total approximately 8 200 financial statements from candidates to Senate or regional elections and rejected in total 582 financial statements98 . The HATVP is responsible for the management of the lobbying register99 . A GRECO recommendation on the disclosure of lobbying meetings with persons who are entrusted with top executive functions at national level remains unaddressed100 . While there is a new draft anti-corruption law (see above, page 10), the existing concerns on the type of lobbying activities and lobbyists remain unaddressed101 . The fact that the system requires the declaration of many lobbying activities (including those occurring at local level), creates a significant workload for the HATVP, which lacks human and technical resources102 . In 2021, a number of politically exposed persons were sentenced for tax fraud103 . In the first compliance report, adopted less than two years after the 95 2020 and 2021 Rule of Law Reports, Country Chapter on the rule of law situation in France, p. 6 and p. 8 respectively. 96 Written contribution from High Authority for the Transparency of Public Life (HATVP) in the context of the country visit. 97 The results of the controls are the following: 10% of the cases were incompatible; 64% of the cases received an advice of compatibility, with condition; 24% of the cases received a simple advice. Decisions on compatibility are binding for three years. Information received in the context of the country visit to France from the High Authority for the Transparency of Public Life (HATVP). 98 Starting with the Presidential election of April 2022, a new software (called FINPOL) is used to check the financial and interest statements of the 12 candidates, with publication of this assessment (except for personal sensitive data) expected one month after the elections. Information received in the context of the country visit to France from the National Commission on Campaign Accounts and Political Financing (CNCCFP). 99 The HATVP provides an opinion prior to the recruitment for a high-level public position of a person formerly employed in the private sector, which will determine the recruitment. Before the appointment of any member of the Government and in relation to the person whose appointment is envisaged, the President of the Republic may request from the President of the HATVP information indicating, on the date of the request and taking into account the information available to the HATVP, whether this person is in a situation that may constitute a conflict of interest, as well as the measures necessary to prevent or take action immediately to end this conflict of interest. 2020 and 2021 Rule of Law Reports, Country Chapter on the rule of law situation in France, p. 6 and p. 9 respectively. 100 GRECO Fifth Evaluation Round - Compliance Report, p. 8. 101 The definition of lobbyist only includes entities, and not individuals. There is a risk that the current system might unfairly benefit large existing lobbying entities (which have well-established relationships with decision-makers), and disadvantage small or new lobbying entities (which must establish and initiate lobbying relationships with decision-makers). The proposal presented by the High Authority on this matter was not taken into consideration in the new draft law on post-Sapin II. Information received in the context of the country visit to France from the High Authority for the Transparency of Public Life (HATVP). 2021 Rule of Law Reports, Country Chapter on the rule of law situation in France, pp. 1 and 9. 102 Currently the High Authority has a staff of 67 officers, a budget of EUR 9 million for 2022, and technical resources (like software used to check asset and lobbying declaration) are insufficient. Information received in the context of the country visit to France from the High Authority for the Transparency of Public Life (HATVP). 103 Information received in the context of the country visit to France from the Ministry of Justice. 15 evaluation report, GRECO stated that nine recommendations were considered as partly implemented and that eight had not been implemented104 . Therefore, progress will have to be made regarding codes of conduct (for persons who are entrusted with top executive functions at national level)105 , on the verification and accessibility of declarations of assets (of the presidential candidate, of persons with top executive functions106 , as well as those filed by members of the National Assembly and Senators)107 , on conflicts of interests108 , as well as on examination of cases of corruption affecting members of the Government109 . Integrity rules for members of the Parliament and the Senate continue to be implemented. In 2021, the Commission for Ethics of the National Assembly110 issued 50 individual opinions, responded to about 443 requests for clarification on the use of funds during the presidential electoral campaign111 , and verified financial statements of members of the Parliament (150 statements for the year 2020, and 50 for 2021), where only minor violations were found112 . In 2021, only minor breaches of conflict of interest rules were identified. In January 2022, the Parliament adopted a new code of conduct, with amended provisions on lobbying activities113 . The Ethics Committee of the Senate is the body responsible for ethics of Senators.114 While integrity provisions are implemented across the public sector, the need to improve integrity-related security checks in the police and the disciplinary authority over judges remain. Police staff receives targeted anti-corruption training and awareness material115 . The national gendarmerie organises trainings on ethics for the military personnel at all levels116 . A Deontology Action Plan, with anti-corruption measures, is being finalised by the Inspectorate General of the Gendarmerie117 . Nevertheless, the GRECO recommendation to carry out security checks relating to the integrity of members of the National Police and the National Gendarmerie at regular intervals remains unaddressed118 . 104 The GRECO report indicated that one recommendation had been implemented satisfactorily (recommendation about confidentiality of advisory procedures with ethics advisers/correspondents, and specific training for ethics advisers/correspondents). GRECO Fifth Evaluation Round - Compliance Report, p. 15. 105 GRECO Fifth Evaluation Round - Compliance Report, p. 6. 106 GRECO Fifth Evaluation Round - Compliance Report, pp. 9-10. 107 GRECO Fourth Evaluation Round - Addendum to the Second Compliance Report, p. 7. 108 To guarantee transparency on cases of conflict of interests for the Prime Minister. 109 GRECO Fourth Evaluation Round - Addendum to the Second Compliance Report, pp. 11-12. 110 Responsible to monitoring the implementation of the code of conduct for parliamentarians. 111 The frequently asked questions and responses, are published in the National Assembly intranet, and are accessible to MPs. Information received in the context of the country visit to France from the Ethics Commissioner of the National Assembly. 112 The violations found prompted to recover 2% of the public funds previously allocated to MPs. Information received in the context of the country visit to France from the Ethics Commissioner of the National Assembly. 113 Code of Conduct of Deputies (New version resulting from the Bureau meeting of February 21, 2022). Lobbyists must inform the Members of the Parliament of the value of the gifts provided and cannot pay MPs advisers for lobbying activity. Information received in the context of the country visit to France from the Ethics Commissioner of the National Assembly. 114 In accordance with the order No. 58-1100 of November 17, 1958 relating to the functioning of parliamentary assemblies. 115 Input from France for the 2022 Rule of Law Report, p. 10. 116 These actions will be probably used to reassess the previous recommendation from GRECO to improve the anticorruption training of law enforcement authorities, will have to be re-assessed. 117 Input from the France for the 2022 Rule of Law Report, p. 10. 118 GRECO Fifth Evaluation Round - Compliance Report, p. 15. 16 The national school of magistrates organises trainings on anti-corruption. Following a request from the President of the Republic119 , in September 2021 the High Council of Magistrates (CSM) issued a series of proposals on ethics120 . When members of the judiciary move to a new position, they must declare their assets and attend a meeting to discuss ethical conduct121 . However, there is no information available on the functioning of this declaration system122 . The GRECO recommendation calling to concentrate disciplinary authority over judges to within the Judicial Service Commission remains to be implemented123 . A new law has been adopted for the protection of whistleblowers. In March 2022, the Parliament adopted a new law on the protection of whistleblowers124 , which transposes the EU Whistleblowing Directive into national law125 . According to the new law, the Defender of Rights126 will be assigned a central and referral role on the new provisions, including the report on the functioning of the whistleblowing system127 . This legislative development will be used to reassess the previous GRECO recommendation to revise the protective regime for whistleblowers128 . In 2021, the Defender of Rights treated 81 cases of whistleblowing129 . The existing anti-corruption measures for public procurement in the time of COVID-19 pandemic continue to be implemented. The sepecific guidelines issued in June 2020 by the Anti-Corruption Agency and the State Procurement Directorate continue to apply130 . III. MEDIA PLURALISM AND MEDIA FREEDOM The French legal framework concerning media pluralism is established by the Constitution and specific sectorial legislation, enforced by the independent media regulator. The Constitution protects freedom of expression and guarantees pluralism of the media. The Declaration of the Rights of People and of the Citizen recognises freedom of expression as a 119 Under Article 65 of the Constitution, on the double issue of the responsibility and the protection of magistrates. 120 Proposals aim to: place ethics at the heart of the magistrate's function; promote the detection of disciplinary breaches; improving the conduct of disciplinary proceedings and the scale of sanctions; and strengthen the personal and functional protection of magistrates. Plenary formation of the Superior Council of the Judiciary, Opinion to the President of the Republic Referral of 17 February 2021, Submitted to the President of the Republic on 24 September 2021. 121 On average, between one-third and one-fourth of the magistrates move every year. Information received in the context of the country visit to France from High Council of Magistrates (CSM). 122 In 2021 there was a case of post-employment conflict of interest concerning a senior level magistrate. Information received in the context of the country visit to France from High Council of Magistrates (CSM). 123 GRECO Fourth Evaluation Round - Addendum to the Second Compliance Report, p. 10. 124 Law No. 2022-401 of March 21, 2022 aimed at improving the protection of whistleblowers. 125 Directive (EU) 2019/1937 on the protection of persons who report breaches of Union Law. 126 The Defender of Rights is the entity that provides support and advice to whistleblowers. 2021 Rule of Law Reports, Country Chapter on the rule of law situation in France, p. 10. 127 Information received in the context of the country visit to France from the Defender of Rights. 128 GRECO Fifth Evaluation Round - Compliance Report, p. 17. 129 There is a surge of cases stemming from large corporations or public institutions. Information received from the Defender of Rights in the context of the country visit to France. 130 For each phase of the public procurement, the guidelines (titled on ‘Managing the risk of corruption in the public procurement cycle’) indicate the associated risks of corruption, suggest mitigation measures, and give recommendations on how to develop organisational risk mapping and anticorruption codes of conduct. 2021 Rule of Law Report, Country Chapter on the rule of law situation in France, p. 10. 17 fundamental right. Transparency on media ownership is guaranteed by specific legislation131 . Legislation to transpose the Audiovisual Media Services Directive has been adopted132 . The independent media regulator has been redesigned for a better regulation of the online sphere. As of 1 January 2022133 , the media regulator Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) and the online copyright authority Haute autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur internet (HADOPI) have merged creating a new regulator with a broader scope of competence: the Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM). The aim of the reform is to create a unique national regulator with increased powers (including conciliation procedures and investigative powers) over the entire field of audiovisual and digital content. ARCOM is granted with wider competences regarding content creation and obligations, copyright, combating disinformation as well as harmful online content. The ARCOM board is composed of nine members, appointed every two years by five different authorities (from the executive, legislative and judiciary)134 for a single, non-renewable term of six years. ARCOM’s independence is guaranteed by the same safeguards as those in place for CSA and HADOPI135 . The Media Pluralism Monitor (MPM 2022) considers the independence of the media regulator to be an area of very low risk136 . There have been no changes in the legal framework regulating transparency of media ownership since the last Rule of Law report137; the issues related to horizontal and cross-media concentration persists. France has in place legal safeguards to ensure transparency of media ownership, which is guaranteed by the Law on the Freedom of Communication, the Law to Support Confidence in the Digital Economy, and the Law on the Freedom of the Press138 . These laws state that any editor of a broadcasting service or director of publications must keep certain information, including ownership, permanently available to the public139 . The MPM 2022 registers a medium risk for the transparency of media ownership, pointing to the complexity of shareholding structures in the media sector140 , and 131 Law No. 86-1067 of 30 September 1986 on the Freedom of Communication; Law No. 2004-575 of 21 June 2004 to support confidence in the digital economy, and Law of 29 July 1881 on the Freedom of the Press; these laws state that any editor of a broadcasting service or director of publication must keep certain information permanently available to the public, including ownership. 132 The Decree transposing the AVMSD, decree No. 2021-793 was adopted on 22 June 2021. An additional decree, Decree No. 2021-1923 of 30 December 2021 on the procedure for the provisional suspension of the retransmission of certain audiovisual services, was adopted to complete the transposition of the AVMSD. France ranks 26th in the 2022 Reporters without Borders World Press Freedom Index compared to 34th in the previous year. 133 Law no. 2021-1382 of 25 October 2021 relating to regulation and protection of access to cultural works in the digital age. 134 The President is appointed by the President of the Republic. Three members are appointed by the President of the National Assembly, three by the President of the Senate, one by the Vice-President of the Council of State and one by the First President of the Court of Cassation. 135 The law on the Freedom of Communication ensures the independence of CSA and its members. The CSA was established in 1989 as an independent administrative authority. General provisions are in place to minimise interference from the media sector and to prohibit taking instructions from other public authorities. See 2020 Rule of Law Report, Country Chapter on the rule of law situation in France, p. 8. 136 2022 Media Pluralism Monitor, France, p. 16 137 2021 Rule of Law Reports, Country Chapter on the rule of law situation in France, p. 11 138 Law No. 86-1067 of 30 September 1986; Law No. 2004-575 of 21 June 2004; Law of 29 July 1881. 139 A draft law of 8 February 2022 on media independence envisages reinforcement of media ownership transparency measures in the press sector. 140 2022 Media Pluralism Monitor, France, pp. 18-19. 18 indicates a high degree of concentration in the French media landscape141 . During the presidential elections campaign, Reporters Without Borders (RSF) issued several recommendations to candidates to reinforce media freedom and called for the revision of legislation on media concentration142 . In November 2021 a Senate Commission of inquiry was established to examine media concentration in France and its impact on democracy. The final report of the Senate Commission was adopted on 31 March 2022143 . The Senate Commission suggested a complete rewriting of the Law on the Freedom of Communication which it considered has become “obsolete”, and put forward 32 proposals. The proposals included the reinforcing of the guarantees of independence and ethics, prevention of conflicts of interest in large groups and limiting vertical concentration of media ownership. Authorisations and licensing in the media sector are regulated under the Law on Freedom to Communicate. Authorisations for terrestrial television and radio broadcasting are granted by the media regulator (now ARCOM) following bid tenders and subject to the conclusion of an agreement with the media regulator, with the exception of the public national providers, France Télévisions and Radio France. The term of authorisations cannot exceed 10 years in principle but is subject to extensions and various derogations. Broadcasting services that are not subject to the authorisation – namely, those that are broadcast or distributed through a network that does not use frequencies allocated by the media regulator (cable, satellite, asymmetric digital subscriber line (ADSL), internet, telephony, etc.) – must nevertheless conclude a standard agreement or file a prior declaration with the regulator. Structural legal safeguards ensure the independence of French public service media. The French public service media (France Télévisions) is regulated by the Law on Freedom to Communicate (Law Léotard)144 . The French state holds the entire capital of France Télévisions, which is subject to the legislation on public limited companies. According to the Law Léotard, public service media must ensure pluralism of information and independence as well as diversity of opinion, respect for human rights and democratic principles. Furthermore, when broadcasting television news, the services of France Télévisions have an independent editorial line145 . The MPM 2022 considers the independence of public service media governance to be an area of low risk146 . The governing bodies of France Télévisions are the Board of Directors and its committees, the President, and the Programme Advisory Board. The appointment procedures for the management and the boards of the public service media, laid down by the Law on Freedom to Communicate, are transparent and balanced. The President is appointed for five years by ARCOM, by a majority of its members. This appointment is subject to a reasoned decision based on criteria of competence and experience. The Board of Directors comprises, in addition to the President, 14 members; five members are independent persons appointed by ARCOM for their competence, one of whom represents the consumer protection associations. There are also safeguards in place against arbitrary dismissals. The President of France Télévisions presents an annual report on the fulfilment of the remit’s terms and conditions to the committees responsible for cultural affairs and finance of the National Assembly and the Senate. ARCOM guarantees the 141 2022 Media Pluralism Monitor, France, p. 19 142 Reporters without Borders (2022), French presidential election – RSF’s ten proposals for journalistic freedom and independence. 143 Final report by Senate Commission of inquiry on media concentration in France (2022). 144 Law No. 86-1067 of 30 September 1986. 145 Article 44 of Law No. 86-1067 of 30 September 1986. 146 2022 Media Pluralism Monitor, France, p. 29. 19 independence and impartiality of the public service media. In its annual activity report, ARCOM must present a report on France Télévisions’s compliance with its obligations. Attacks on and threats to the physical safety of journalists continue but the Government has taken steps to strengthen their protection. Since the 2021 Rule of Law Report, a significant number of alerts have been published for France on the Council of Europe’s Platform to promote the protection of journalism and safety of journalists147 . They related in particular to harassment, intimidation and attacks on physical safety and integrity of journalists. To address the tensions between the press and the police forces148 , following the report submitted by the Independent Commission on Press and Law Enforcement Relations, a monthly liaison committee between the Ministry of the Interior and the press was established in January 2022 to enable permanent dialogue. In parallel, a working group was set up in July 2021 dedicated to the identification of journalists for security purpose, in the context of public street events149 . It involved representatives of journalists and their employers, journalism associations and the Commission for the Identity Card of Professional Journalists (CCIJP)150 . A new version of the National Law Enforcement Scheme (SNMO) was published on 16 December 2021, which recognises the special role of journalists during demonstrations. It also provides for the obligation to guarantee their security during demonstrations, including unauthorised or even prohibited demonstrations. Offences committed against journalists during demonstrations are subject to judicial proceedings, provided that they are detected or brought to the attention of the law enforcement authorities151 .The MPM 2022 reports a medium risk with regard to the protection of the right to information, due to criticisms related to the extension of the scope of the law on the ‘protection of trade secret’152 . IV. OTHER INSTITUTIONAL ISSUES RELATED TO CHECKS AND BALANCES France is a democratic republic with a semi-presidential system of government, with a President directly elected by the people and a Prime Minister who is accountable to Parliament. The bicameral Parliament consists of the National Assembly and the Senate. Legislative proposals can originate from the Government or from members of both Houses of Parliament. The Constitutional Council scrutinises the constitutionality of laws, before or after their adoption. Independent authorities play an important role in the system of checks and balances. The practice of nationwide public consultations was further reinforced and extended to other fields, including the justice system. As mentioned above153 , the Estates General of Justice were conceived as a structured and open democratic debate. Both the general public and law professionals could express their views on the reforms needed in the justice system. 147 Council of Europe, Platform to promote the protection of journalism and safety of journalists, France. 148 See Alerts from the Council of Europe, Platform to promote the protection of journalism and safety of journalists, France, https://fom.coe.int/en/alerte?years=2022&typeData=1&time=1653914309287. 149 Journalist can, by way of derogation, move freely within the security systems, position themselves behind the lines of the law enforcement forces. They must then be able to produce a press card or a certificate from their employer and position themselves in such a way that they cannot be confused with the participants in the attack and do not obstruct the action of the law enforcement authorities. See Input from France for the 2022 Rule of law Report, p.2 150 Input from France for the 2022 Rule of Law Report, p. 2. 151 Input from France for the 2022 Rule of Law Report, p. 2. 152 MPM indicates that there have been several recent cases in which this ‘package’ was used to restrict access to information deemed of public interest. See 2022 Media Pluralism Monitor, France, p. 11 153 See above p. 7. 20 An online consultation took place at national level154 , and 266 events such as debates and conferences were organised throughout the country. In parallel, until the end of January 2022, seven thematic working groups involving more than 60 justice and law professionals (including magistrates, lawyers, registry staff and university professors) were set up155 . The independent committee in charge of drafting the final report was entrusted with taking into account all the contributions gathered as part of this exercise to feed its evaluation. Furthermore, a new Citizens’ Participation Platform156 allows the public to have access to all information relating to non-compulsory citizen participation procedures carried out by the State and, where appropriate, express their interest in registering, as well as to consult citizens’ contributions and the follow-up given to them, and thus to measure the impact of their participation on public policies. In 2021, three nation-wide consultations were co- developed and co-led by the Ministry for Relations with Parliament and Citizens’ Participation and the Interministerial Centre for Citizens’ Participation (CIPC), including on the topic of discrimination and in relation to the Conference on the Future of Europe. To ensure the follow-up of proposals made in the context of this conference, a citizens’ monitoring committee, made up of 15 citizens who participated in the consultation, was created157 . Accelerated procedures for the adoption of laws continued to be used regularly, including for laws with a significant impact on individual freedoms. Out of 67 laws enacted between 1 July 2021 and 8 April 2022, 45 had been submitted to an accelerated procedure by the Government158 . As already noted in the 2021 Rule of Law Report159 , this procedure was repeatedly used for laws with an important impact on individual freedoms, such as the Law on the prevention of terrorism and intelligence160 , the Law for trust in the justice system161 , the Law on criminal responsibility and internal security162 and the Law reinforcing the tools to manage the health crisis163 . As regards the latter, the general assembly of the National Council of Bars issued a resolution disapproving the use of the accelerated procedure, which prevents a genuine debate and parliamentary scrutiny, to adopt a law 154 An online platform (https://www.parlonsjustice.fr/) was launched, with a questionnaire available in 3 versions (addressed respectively to the general public, to magistrates and officials of the Ministry of Justice, and to partner stakeholders) allowing approximately 40 000 people to express their views until 10 December 2021. The platform also included a space for collective participation, which allowed to collect 443 written contributions from 267 organisations (including magistrates’ associations and courts). The summaries of all the written contributions were published on 27 January 2022 on the dedicated online platform. 155 These workshops addressed, among others, the topics of simplification of criminal proceedings, simplification of civil justice, as well as the evolution of tasks and statuses. A convergence workshop composed of citizens, magistrates, ministry officials and justice stakeholders took place on 31 January 2022 to prioritise and deepen the analysis of the proposals resulting from the consultation. 156 The platform, designed and operated by the Interministerial Centre for Citizens’ Participation (CIPC), was launched on 29 November 2021 by the Minister for Relations with Parliament and Citizens’ Participation. The CIPC is leading inter-ministerial coordination to feed the platform and ensure that citizens can monitor the implementation of the actions resulting from their participation. 157 This committee is entrusted with promoting the proposals made by French citizens and to monitor how they have been taken into account. It will draft a collective report which will be made public when the Conference’s Executive Committee delivers its conclusions at European level. 158 Written contribution from the French authorities in the context of the country visit to France, p. 13. 159 2021 Rule of Law Report, Country Chapter on the rule of law situation in France, p. 14. 160 Law No 2021-998 of 30 July 2021 on the prevention of acts of terrorism and intelligence. 161 Law No 2021-1729 of 22 December 2021 for trust in the justice system. 162 Law No 2022-52 of 24 January 2022 on criminal liability and internal security. 163 Law No 2022-46 of January 22, 2022 reinforcing the tools for managing the health crisis and modifying the public health code. 21 impacting fundamental freedoms, in the absence of an imminent danger164 . The National Advisory Commission on Human Rights (CNCDH)165 reiterated its disapproval of the frequent use of this procedure outside strict emergency requirement and in areas with a direct impact on public freedoms and human rights, as it restricts significantly the parliamentary debate essential in a democracy166 . The emergency regime to address the COVID-19 pandemic has been extended, with the Constitutional Council defining the limits of the executive and legislative powers. The transitional regime for phasing out from the state of health emergency167 , introduced by the law of 31 May 2021 until 30 September 2021, was initially extended until 15 November 2021168 and then until 31 July 2022169 . The Constitutional Council reviewed both laws before their promulgation, declared them partly unconstitutional and made important findings regarding the extent of the judicial scrutiny of such laws. In particular, in its decision170 on the Law of 5 August 2021, the Constitutional Council rejected the claim that the deadlines set for Parliament to examine and amend the text were too short171 , but also noted the limits to its constitutional power to review of the opportunity of adopting a law introducing such a regime172 . On the substance, the Constitutional Council highlighted that the lawmaker’s assessment was corroborated by opinions of a scientific committee required by law, and that the measures were surrounded by sufficient safeguards, with the exception of some provisions declared unconstitutional. As regards the Law of 10 November 2021, the Constitutional Council173 validated the extension of the emergency regime until 31 July 2022, recalling fundamental principles imposed on the lawmaker174 and the executive power175 in such a context. On substance, the possibility for school heads to access the health data of students and several government authorisations to issue new ordinances were declared unconstitutional. In its 2021 Annual Study176 , dedicated to the states of emergency, the 164 Resolution of 14 January 2022. 165 The CNCDH is a national human rights institution accredited with an “A Status” by the GANHRI Sub- Committee on Accreditations, in compliance with the Paris Principles. 166 Contribution from ENNHRI for the 2022 Rule of Law Report, p. 252. 167 2021 Rule of Law Report, Country Chapter on the rule of law situation in France, p. 14. 168 Law of 5 August 2021 on managing the public health state of emergency. 169 Law of 10 November 2021 on various health vigilance provisions, published in the Official Journal of 11 November 2021. 170 Decision no. 2021-824 DC of 5 August 2021. 171 At para. 10, the Constitutional Council notes that, “despite their particular brevity, the deadlines set in the National Assembly and then in the Senate for submitting amendments to bills in committee and in public session did not hinder the effective exercise by Members of Parliament of their right to amend, nor did they deprive of effect the requirements of clarity and sincerity of parliamentary debate”. 172 See para. 22 of the decision: “as the Constitutional Council does not have a general discretion that is similar to that of Parliament, it cannot call into question the legislator's evaluation of the existence of a public health catastrophe and of the risk that it could continue over the next two months”. 173 Decision no. 2021-828 DC of 9 November 2021. 174 At para. 5 of its Decision, the Constitutional Council held that “the Constitution does not exclude the possibility for the legislator to provide for a state of health emergency regime. It is in its remit, within this framework, to ensure the reconciliation between this objective of constitutional value and the respect of the rights and freedoms recognized to all those who reside on the territory of the Republic”. 175 At para. 8, the Constitutional Council states that “for the implementation of the state of health emergency, measures may be taken by the regulatory power for the sole purpose of guaranteeing public health. They must be strictly proportionate to the health risks incurred and appropriate to the circumstances of time and place. They are terminated without delay when they are no longer necessary. Courts are responsible for ensuring that these measures are appropriate, necessary and proportionate to the purpose they pursue”. 176 Council of State (2021), 2021 Annual Study, Les états d’urgence: la démocratie sous contraintes, approved by the general assembly of the Council of State on 8 July 2021, see Annex I. 22 Council of State pointed out that the prolonged use of such regimes destabilises the institutional balance and the democratic institutions, and made 15 proposals to better define and organise the states of emergency. On 1 January 2022, France had 25 leading judgments of the European Court of Human Rights pending implementation177 . At that time, France’s rate of leading judgments from the past 10 years that remained pending was at 28% and the average time that the judgments had been pending implementation was two years and 11 months178 . The oldest leading judgment, pending implementation for 12 years, concerns the inaction of the authorities in the execution of judiciary measures of expulsion regarding illegally occupied lands179 . On 1 July 2022, the number of leading judgments pending implementation has decreased to 24180 . Independent authorities expressed concerns regarding the impact of laws adopted to manage crisis situations on individual freedoms. In an opinion of 20 July 2021, the Defender of Rights181 expressed concerns on the potential impact of the laws on managing the health crisis on individual freedoms, and more particularly on the risks of discrimination and violations of children’s rights and data protection rules. With regard to the fight against terrorism, the Commission consultative des droits de l’homme (CNCDH) criticised the inclusion in ordinary law of preventive measures182 that were part of the law relating to the state of emergency. Initially introduced into ordinary law on an experimental basis183 , these measures were made permanent by the Law on the prevention of terrorism and intelligence184 . During a hearing with parliamentarians, the CNCDH reiterated its concern about these measures, especially given that their impact on human rights has not yet been assessed independently185 . As regards the Law on Global Security186 , which created concerns as regards the freedoms of expression and information and the right to freedom of peaceful assembly187 , the independent authorities pointed out that there had been no opportunity to assess its actual impact on civil society, as there were no major demonstrations or other large scale events during which the measures foreseen for could be implemented188 . 177 The adoption of necessary execution measures for a judgment by the European Court of Human Rights is supervised by the Committee of Ministers of the Council of Europe. It is the Committee’s practice to group cases against a State requiring similar execution measures, particularly general measures, and examine them jointly. The first case in the group is designated as the leading case as regards the supervision of the general measures and repetitive cases within the group can be closed when it is assessed that all possible individual measures needed to provide redress to the applicant have been taken. 178 All figures are calculated by the European Implementation Network and are based on the number of cases that are considered pending at the annual cut-off date of 1 January 2022. See the contribution from the European Implementation Network for the 2022 Rule of Law Report, p. 42. 179 Judgment of the European Court of Human Rights of 21 January 2010, Barret and Sirjean v. France, 13829/03, pending implementation since 2010. 180 Data according to the online database of the Council of Europe (HUDOC). 181 Defender of rights, opinion of 20 July 2021, https://juridique.defenseurdesdroits.fr/doc_num.php?explnum_id=20864. 182 These measures relate to individual monitoring, surveillance measures, and home searches ordered by the administrative authorities. 183 By Law no. 2017-1510 of 30 October 2017 strengthening internal security and the fight against terrorism. 184 Law no. 2021-998 of 30 July 2021 on the prevention of acts of terrorism and intelligence. 185 Contribution from ENNHRI for the 2022 Rule of Law Report, p. 252. 186 Law No. 2021-646 of 25 May 2021 for global security preserving freedoms. 187 2021 Rule of Law Report, Country Chapter on the rule of law situation in France, p. 16. 188 Information received from the Defender of Rights and the Commission consultative des droits de l’homme in the context of the country visit to France. 23 A criminal investigation was opened into use of surveillance spyware targeting in particular journalists. It was reported that a number of French and French-based journalists and media company owners have been targeted by Pegasus and equivalent spyware surveillance software189 . On 19 and 20 July 2021 respectively, the media company Mediapart and NGO Reporters without Borders (RSF) lodged criminal complaints before the Paris Prosecutors’ Office190 , which opened an investigation on charges of invasion of privacy, interception of correspondence, fraudulent access to a computer system and criminal association. The Law on republican principles, supplementing the regulation on the activities and funding of associations, entered into force and a number of stakeholders raised concerns as regards its potential impact on the civic space. Under the Law on republican principles191 , associations or foundations requesting public subsidies must subscribe and comply with a ‘contract of republican commitment’192 , under penalty of repaying the allocated subsidies193 . Compliance with the ‘contract’ also becomes a condition for an association to be recognised as having a public utility. Moreover, the law extends the list of grounds for dissolution of associations by decree of the President of the Republic194 . The Constitutional Council censured a provision allowing the provisional suspension of an association195 . As to the financing of associations, in particular with a religious character, the law provides that it will be more closely monitored196 . The law on republican principles also modified the conditions for creating and operating religious associations, which will have to declare themselves to the prefect every five years, and reinforced their accounting obligations197 . A number of national and international stakeholders, including independent 189 See Le Figaro (2021), ‘Pegasus case: the Paris prosecutor's office opens an investigation into the espionage of journalists’. 190 17 journalists from 7 countries joined RSF’s complaint on 5 August 2021. See Reporters without Borders (2021), press release of 5 August 2021, ‘NSO/Pegasus: 17 journalists from 7 countries join the complaints filed by RSF at the UN and before the French courts’. 191 Law no. 2021-1109 of 24 August 2021 reinforcing respect for the principles of the Republic. 192 Such contract refers to the commitment to respect secularism and other fundamental principles of the Republic, such as equality between men and women, human dignity and fraternity. 193 In a reservation of interpretation, the Constitutional Council ruled that the withdrawal of the subsidy could not, without disproportionately affecting the freedom of association, lead to the restitution of sums paid for a period prior to the breach of the republican contract. 194 The law replaces the terms ‘armed street demonstrations’ with the wider notion of ‘violent acts against persons or property’. Furthermore, the dissolution of associations becomes possible not only if they provoke discrimination, hatred or violence, against a certain group of persons, but also if they engage in actions that contribute to such acts. Finally, associations may be held liable for acts committed by their members, acting in this capacity, or for acts directly related to their activities. 195 The text voted by Parliament provided that, in the event of an emergency, the Minister of the Interior could pronounce the suspension of an association, pending its dissolution, for a maximum period of three months, renewable once. The Constitutional Council ruled that these provisions violated the freedom of association, as they allowed to suspend the activities of an association of which it is not yet established that they seriously disturb public order. See Decision no. 2021-823 DC of 13 August 2021. 196 Endowment funds, a tool for financing patronage, will be more controlled by prefects. Tax authorities will be able to ensure that only associations that meet the conditions set out by law can benefit from public generosity and issue tax receipts. 197 Such associations must declare foreign donations of more than EUR 10 000 and the transfer of the property of places of worship to a foreign state, and the prefect may object when a fundamental interest of society is at stake. As regards hybrid associations, which are governed general law on associations and exercise a religious activity, their obligations, in particular in terms of administrative and accounting, are aligned with those of religious associations (certification of their accounts in certain cases, separate accounting for 24 authorities, expressed criticism regarding the potential impact of the new provisions on the freedom of association and freedom of expression both before the adoption of the law198 and after its entry into force199 . More particularly, the CNCDH expressed preoccupations that the obligation to subscribe to a ‘contract of republican commitment’ risks creating a general climate of mistrust towards associations200 . Overall, the civic space in France has been assessed as narrowed201 . New laws have been adopted to improve the financial environment for civil society organisations. The law favouring associative commitment202 mitigates the financial liability of volunteer associative leaders in the event of mismanagement, by extending the ‘negligence exception’ provided for business managers203 . Before that, personal assets of such volunteer leaders could be seized in the event of mismanagement. Furthermore, a law to improve the cash flow of associations204 now allows for the keeping of the unspent surplus of a subsidy of more than EUR 23 000 under certain conditions. The new law also provides that the public authority is required to pay the subsidy within 60 days of the date of notification of the decision to award it, unless the administrative authority has set other payment dates or made the payment conditional on the occurrence of a specific event. In addition, the law allows associations of general interest or recognised as being of public utility to grant zero interest loans to other associations that are members of the same union or federation of associations. Finally, the law introduced the possibility for the Caisse des dépôts to pay a portion of the sums from accounts of associations that are no longer active for the benefit of the development of associative life205 . religious activities, declaration of funds coming from abroad). The prefect may order an association whose purpose is in fact the exercise of a religion to declare itself as a religious association. 198 2021 Rule of Law Report, Country Chapter on the rule of law situation in France, p. 17. 199 Contribution from the Civil Liberties Union for Europe for the 2022 Rule of Law Report, p. 178, and contribution from the Ligue des droits de l’homme on behalf of the European Civic Forum for the 2022 Rule of Law Report, p. 8. 200 Contribution from ENNHRI for the 2022 Rule of Law Report, p. 248. 201 2021 Rule of Law Report, Country Chapter on the rule of law situation in France, p. 16. See also rating given by CIVICUS. Ratings are on a five-category scale defined as: open, narrowed, obstructed, repressed and closed. 202 Law no. 2021-874 of 1 July 2021 favouring associative commitment. 203 This exception, enshrined in the Commercial Code, provides that in the event of simple negligence in the management of the company committed by the de jure or de facto manager, his liability for the insufficiency of assets cannot be engaged. 204 Law 2021-875 of 1 July 2021 to improve the cash flow of associations. 205 The Caisse des dépôts and its subsidiaries form a public group serving the general interest and economic development of France. It is responsible for the protection of popular savings, the financing of social housing, and the management of pension institutions. 25 Annex I: List of sources in alphabetical order* * The list of contributions received in the context of the consultation for the 2022 Rule of Law report can be found at https://ec.europa.eu/info/publications/2022-rule-law-report-targeted-stakeholder- consultation_en. Central Office for Combating Corruption and Tax Offences (OCLCIFF) (2022), Contribution from the Central Office for Combating Corruption and Tax Offences for the 2022 Rule of Law Report. Centre for Media Pluralism and Media Freedom (2022), Media pluralism monitor 2022 – country report on France. Civicus, Monitor tracking civic space – France https://monitor.civicus.org/country/france/. Civil Liberties Union for Europe (2022), Contribution from the Civil Liberties Union for Europe for the 2022 Rule of Law Report. Constitutional Council, Decision No. 2021-828 DC, 9 November 2021. 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